Grand Prix Cinéma ELLE 2013 : "Quai d'Orsay"

Après "Gabrielle", de Louise Archambault, sorti le 16 octobre (l'un des deux films primés) voici le deuxième, sur les huit en compétition, visionné par les 150 jurées du Prix Cinéma ELLE 2013, dont je faisais partie. "Quai d'Orsay" était mon choix n°1 (retrouvez ma pige de fin de "festival" en septembre).

« Quai d’Orsay », Bertrand Tavernier (2h)

Avec Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup, Julie Gayet…

Il y a les réalisateurs professionnels, immanents, et les autres. Bertrand Tavernier fait partie de la première catégorie. Son film est une réussite, un exercice relevé avec brio et panache et servi par des acteurs talentueux, d’une densité et d’une stature à couper le souffle. Le film est un prolongement intelligent de la bande dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac, relatant de manière satyrique le quotidien du ministère des affaires étrangères en 2003. Le film dépasse l’époque, les acteurs politiques et la vision de la France d’alors pour décrire un fonctionnement technocratique délirant. On est catapulté dans les coulisses du Quai d’Orsay ; Cela pourrait s’appliquer à n’importe quel ministère, sous n’importe quel président à n’importe quel moment. La valse des conseillers, leur vacuité et leur vanité, les éléments de langage, les argumentaires, les versions martyrs de discours qui ne verront jamais le jour, l’agitation furieuse, les références et figures tutélaires et historiques qui noient l’essence des décisions et qui remplissent le temps, tout cet air brassé. Une réflexion intéressante sur le porte-parolat. Un traitement effroyable sur la gouvernance d’un pays. Ce sont eux, ces ministres-là, qui dirigent notre pays, et le représentent dans le monde. Stupeur et tremblements. Et cependant, de ce maelström, apparaît un discours extraordinaire, le seul jamais applaudi au conseil de sécurité de l’ONU.

Sortie demain en salles.

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