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Le fait divers, révélateur de l’indicible ?

Françoise Gicquel, commissaire divisionnaire, responsable de Service de la Mémoire et des Affaires Culturelles, Préfecture de Police de Paris ; Henry Moreau, chef de cabinet de la Direction de la Police Judiciaire de Paris, le mythique « 36 » quai des Orfèvres et Arnaud Dingreville, journaliste spécialisé dans les faits de société étaient à mes côtés hier soir à la médiathèque Jacques Baumel de Rueil-Malmaison, pour tenter de répondre à une question : « Le fait divers, révélateur de l’indicible ? ».

Au son de Miossec, et de l’une de ses chansons de circonstance « Chanson d’un Fait Divers » (dernier album : « Chansons Ordinaires ») : Il y avait un beau soleil de printemps / Il y avait dans le centre-ville un bel appartement / (…) Il y avait ce joli couple formé depuis dix ans / (…) Il y a / Il y avait / Il y eut / Il y aura…, le débat a démarré animé par la directrice de la médiathèque.

Le fait divers fascine car il met en scène et rend acteur ou spectateur d’un événement tout en se proposant à sa lecture. Il apparaît dans la langue française en 1838 par Théophile Gauthier, comme « une nouvelle ponctuelle concernant des faits non caractérisés par leur appartenance à un genre (…), souvent dans un domaine délictueux ou criminel ». Le fait divers éclaire d’une vision inattendue et hors norme l’existence humaine. Il se définit par la transmission, et la mémoire. Son but est de le transmettre, de raconter un événement témoin du malheur, des peurs et de la folie humaine. D’où l’importance de son traitement médiatique et de sa mise en récit. Il constitue un observatoire et obéit à des objectifs de sécurité publique, en révélant le paradoxal, le mystérieux voire le divin, il contrarie l’ordre moral, familial…, il transgresse les codes et met en opposition raison et folie, ordre et désordre. Il conduit aux limites de l’infranchissable et construit une perméabilité avec la réalité. Réaliste, il fournit des détails sur une époque, le chaos social, une image du monde. Il figure le visage de l’humain dans son rapport avec la société, son temps. Porteur d’une injustice, il a une fonction cathartique. Il pose la question de la vie, de la place de chacun au sein de l’ordre quotidien et social. Pour le romancier, il s’agit de percer le secret du criminel, de mettre en évidence les ressorts cachés de son acte en le théâtralisant, en reconstituant les détails grâce à un travail d’investigation méthodique, visant à provoquer des réactions émotionnelles. S’appuyant sur le traitement journalistique factuel, sur la collaboration avec la police judiciaire et les Archives de police, ou même l’Institut médico-légal…, l’enquête devient l’objet du récit, davantage que le fait divers, qui ne sert que de prétexte à raconter une histoire. Comme dans mes deux romans : « Les Enfants Rouges » (ed. Jérôme Do. Bentzinger) et « Cet enfant que tu m’as volé » (ed. Les Oiseaux de Papier). Le fait divers correspond à un désir de chair et de sang, sa couleur est le Rouge comme dans les plus anciennes tragédies. Il exorcise les perversions et dérives, et appelle une quête de sens et d’expulsion de son auteur hors du corps social, faisant l’objet d’une chaîne : acte, secret, révélation, diffusion, punition. C’est le spectacle du fait divers qui fascine, et l’interaction entre figures mythiques, anonymes de faits divers et histoire est ténue. Adam et Eve, Caïn et Abel, Œdipe, Antigone, Médée. De tout temps, les écrivains se sont emparés de faits divers : Balzac, Zola, Genet, Gide, Balzac, Sportès, E. Carrère, Duras… Des poètes : Verlaine, Baudelaire, Cendrars… Des chanteurs : Gainsbourg (Bonnie & Clyde), Aznavour (Mourir d’Aimer)… Des cinéastes : Jean-Pierre Denis « Les Blessures Assassines », Maïwenn « Polisse » qui traduit parfaitement le travail des policiers, et leur cohésion : ils élucident en groupe, soudés. Tous ont tenté de décrypter la comédie humaine.

www.editeur-livres.com : Jérôme Do. Bentzinger éditions

www.les-oiseaux-de-papier.com : Les Oiseaux de Papiers éditions

Retrouvez la présentation de ces ouvrages et les deux portraits réalisés par la chaîne locale Rueil TV ( www.rueil-tv.com ) :

http://www.rueil-tv.com/video/portrait-disabelle-kevorkian/

http://www.rueil-tv.com/video/le-nouveau-livre-disabelle-kevorkian/

Cette conférence s’inscrit dans l’actualité, puisque la Police Judiciaire de Paris célèbre cette année ses 100 ans. Une exposition lui est consacrée : www.100anspjparis.com

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