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Théâtre : Les Vaisseaux du Coeur de Benoîte Groult

Les vaisseaux du cœur, adapté du roman éponyme de Benoîte Groult

George s’éprend de Gauvin, ou l’inverse. Une évidence. Ils ont 18 ans, au bal du village en Bretagne. Seulement George est Parisienne, issue d’un milieu bourgeois et cultivé, normé et pesant. Gauvin est marin-pêcheur. Un homme terrien, solide comme un roc de granit, et épris de liberté. Qu’importent leurs différences ! Entre eux il y a cette étincelle qui, une fois allumée, ne peut s’éteindre, un cierge perpétuel. Une rencontre d’âmes et de peaux. Une liaison complice et épisodique qui durera 30 ans.

Benoîte Groult transpose sa propre vie, employant un langage poétique et cru, romantique et charnel. Elle oscille, comme l’amour entre les choses du sexe et les choses de la vie. Ces choses qui irriguent les vaisseaux du cœur. Entre rive gauche à Paris et rive droite en Bretagne, ou en voyage, elle dépeint une femme valeureuse, ardente, vertueuse, libertine, intellectuelle, engagée, féconde. Qui n’hésite pas à prendre du jour au lendemain un billet pour les Seychelles et parcourir 15000 km pour quelques nuits d’amour frénétique, telle une sybarite. Parce que c’est irrépressible, leur désir supplante tout et abolit distances, frontières, écueils, mariages, enfants.

La pièce est admirablement servie par la prestation de deux comédiens époustouflants. Gauvin / Serge Riaboukine, rustre et ancré, quoique naviguant –le paradoxe de l’amour est synthétisé dans cet homme viril et fragile, tout uniment épris de George / Josiane Pinson, hardie et raffinée, passionnée et légère. Une pièce épicurienne et jouissive. Remplie d’humour et d’érotisme, savamment dosés. Des mots prononcés avec virtuosité. Dans les yeux brillent des étincelles et pointent quelques larmes.

A la fin Gauvin délivre cette si belle phrase : « Ce n’est pas ma vie qui importe, c’est toi dans ma vie ». Cette formule à elle-seule vaut le détour par le théâtre du Petit-Montparnasse. Il reste encore un mois.

Les Vaisseaux du Cœur, de Benoîte Groult, mise en scène par Jean-Luc Tardieu

www.theatremontparnasse.com ou 01 43 22 7774

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