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Ciné : The Best Offer

Film dramatique italien (2h11) de Giuseppe Tornatore, avec Geoffrey Rush, Jim Sturgess

Certains films sont si machiavéliques, l’intrigue tellement diabolique, la musique si hypnotique (Ennio Morricone), qu’il est nécessaire de retourner les visionner. Pour mieux s’en détacher, que leur empreinte s’évanouisse, que l’art de la manipulation ne nous atteigne pas, ne nous anéantisse pas, ne nous pervertisse pas. « The Best Offer » est de cette catégorie. Un univers impitoyable, un scénario redoutable et des dialogues corrosifs. Autant d’aphorismes qui égrènent le film, de la première à la dernière seconde.

De quoi est-il question ? De la chose la plus banale au monde : d’amour. De cet amour si idéalisé, si terrifiant, que l’on n’ose le frôler, et qu’une vie de chasteté est parfois préférable. Seulement, l’amour attaque, perfide, et personne n’y est jamais préparé. Comme la mort : elle a beau sonner à la porte, personne n’est jamais prêt à l’accueillir, lorsqu’il est temps.

Dans ce film, l’on assiste au lent et douloureux délitement d’un homme, Virgil Oldman, commissaire-priseur old school, costume trois pièces et cheveux teints, phobique et ganté, droit comme la fatuité. Sa déchéance est proportionnelle à l’amour délicat et si pur qu’il rencontre, et que pourtant sa raison refuse.

Claire est l’objet de cet amour étrange. Claire qui le sollicite, lui et personne d’autre, pour une estimation après la mort de ses parents. Claire, recluse dans une demeure fantomatique, dans une ruelle à l’abandon. Claire que l’on ne découvre pas. Claire, qui se voit tout d’abord écartée au motif que « La conversation est un art dangereux », et elle ne semble pas à la hauteur de Mister Virgil Oldman.

S’il est question d’amour, la vengeance n’est-elle pas le corollaire ?

Virgil ne se soucie pas assez de ses amis. Ecoute-t-il Billy, marchand d’art, à qui il précise qu’aimer la peinture ne suffit pas à faire un bon peintre, or précisément Billy ne dispose pas du pré requis pour que son talent puisse être révélé : « le mystère intérieur ». Regarde-t-il Robert ? « Mon intuition me pousse à me méfier de vous », assène-t-il pourtant.

Peu à peu le piège démoniaque se referme, les rouages et les engrenages s'emboîtent et l'enserrent, quand Virgil Oldman persiste à croire que « les engrenages sont comme les gens : au bout d’un certain temps, ils s’épousent ». La clairvoyance lui fait défaut, et le temps œuvre.

Claire ? « Mon respect pour les femmes n’a d’égal que la peur qu’elles m’inspirent » précise-t-il. N’aurait-il pas été plus sain qu’il demeure reclus, épousant les femmes du regard ? Car « éprouver des sentiments pour une femme engendre la certitude qu’elle est ravissante », surtout si cette femme est pâle comme une eau forte de Dürer. Ce ravissement va le perdre cœur, corps et âme.

La vie auprès d’une femme ? « C’est comme une vente aux enchères, vous ne savez jamais si vous faites la meilleure offre »

The Best Offer ? « Si l’amour était un art, on le vendrait aux enchères, au plus offrant »

Tout cela est bien cynique, et pourtant si vrai. Car « Il y a toujours une couche d’authenticité dans toute contrefaçon ». Tout se falsifie, même l’amour le plus authentique peut être simulé dans son entièreté, et les émotions sont comme les œuvres d’art : on peut les imiter à s’y méprendre, à s’y dissoudre.

Retrouvez les meilleurs dialogues du film...

http://www.imdb.com/title/tt1924396/trivia?tab=qt&ref_=tt_trv_qu

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