Comédie dramatique (1H42), de Thomas Lilti, avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Mariane Denicourt…
Benjamin prêtera-t-il serment d’Hippocrate ? Le film de Thomas Lilti pose un regard tranchant et réaliste, sur la fonction publique hospitalière ; ses rouages et lourdeurs administratifs qui prennent le dessus sur la pratique de la médecine, ses incongruités qui font qu’un interne peut être amené à diriger des médecins qualifiés, étrangers en quête d’équivalences en France ; ses mesquineries jalousies et querelles de services ; sa logique de rentabilité au détriment d’une dynamique médicale, de sorte qu’aujourd’hui les hôpitaux sont gérés comme des business units ou de grosses entreprises par des managers fonctionnels, qui découvrent, souvent lorsqu’il est trop tard, la réalité opérationnelle des équipes dans des couloirs sans fin et sous une lumière verte, au contact de patients, parfois mourants, parfois sales, parfois glauques, parfois bouleversants. Ils ne peuvent s’attacher. Ils doivent gérer des êtres humains malades comme des dossiers, avec leur jargon et acronymes propres.
Benjamin est interne et effectue son stage dans une unité dirigée par son père. Par manque de moyens et d’équipements en état de fonctionnement, il ne peut effectuer un examen et son patient décède. Benjamin apprend à mentir, couvert par son père et sa chef de service –divine Marianne Denicourt, tiraillée entre déontologie et dévoiement des règles. Le père de Benjamin, Jacques Gamblin sec, prône une « solidarité entre nous, sinon comment tenir le coup, c’est déjà assez compliqué ! ». Puis Benjamin apprend à rire de blagues potaches, voire vulgaires même lorsqu’elles ciblent son paternel, la décompression brutale assortie de sérieux pétages de plombs après des journées de 72 heures, le bizutage. Il apprend la mort, et même que chaque interne à son quota de décès... Mais voilà, derrière ses boucles hirsutes, son allure dégingandée, ses épaules tombantes, son pas traînant, son air ahuri et sa voix monocorde, Benjamin est vertueux, il a une éthique. Il sera intègre et fier de devenir médecin, ou sa vocation n’a aucun sens.
Vincent Lacoste est admirable en jeune interne fervent, qui entend exercer son métier avec intégrité et honneur. Plus qu’un métier, un sacerdoce. Qu’il défendra au péril de sa vie, et parce que nous déposons la nôtre, d’existence, entre ses mains, et qu’il sait, lui, la valeur que cela implique.
En juin dernier le CESE, Conseil Economique Social et Environnemental, accueillait le rendez-vous annuel des décideurs des trois fonctions publiques : Etat, Territoriale et Hospitalière. Parce qu’il y a urgence à réformer. Débats, échanges, colloques, paroles aux experts, festival de films documentaires de politiques publiques… En faveur d’un dialogue citoyen autour des politiques publiques. A retrouver sur /