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Benjamin Stora, président conseil orientation
Benjamin Stora, président conseil orientation

Luc Gruson, directeur de la cité nationale de l’immigration, rappelle que « le musée est né de l’initiative de rendre hommage aux immigrants qui ont façonné l’histoire de France ». L’idée est lancée dans les années 1990, tandis que les Etats-Unis créent un musée dédié aux migrants d’Ellis Island. Le projet se concrétise sous Jacques Chirac, prend corps avec Jacques Toubon et la cité, dans le Palais de la Porte Dorée, ouvre ses portes en 2004. De vives polémiques entachent le lieu (cet épisode de sans-papiers qui envahissent l’espace pour revendiquer leur régularisation), sa légitimité est remise en cause. Il est question qu’il ferme en 2010. Cependant, l’institution résiste, et sous l’influence coordonnée de scientifiques et d’historiens, propose des expositions qui favorisent sa visibilité auprès du grand public. Une nouvelle cible est fidélisée, indépendamment du seul champ social, et le Palais de la Porte Dorée s’ancre dans la capitale, devenant un lieu de culture. La nomination de Benjamin Stora, par décret du premier ministre au 1er août dernier, consolide la réputation scientifique de l’endroit.

Benjamin Stora, succède à Jacques Toubon, nommé défenseur des droits, à la Présidence du conseil d’orientation de la cité de l’immigration. Servirait-il de caution pour le gouvernement ? Nommé pour recréer ce fameux « vivre ensemble » en France, relier les citoyens entre eux ?

L’homme, trapu, à l’œil acéré et au geste vif et précis, historien et écrivain, né en Algérie, qu’une solide réputation d’historien et d’essayiste précède, se révèle simple et direct. Il répond du tac au tac : « Personne ne nie une forme de repli communautaire en France, une peur d’autrui. L’heure n’est pas au vivre ensemble harmonieux. Pour autant, la France ne peut pas se passer de l’immigration, qui produit sa valeur économique, culturelle et patrimoniale. Ce musée est l’institution qui atteste de cette richesse et de cette variété. L’endroit ne doit plus seulement noircir les pages sociales, mais s’inviter dans les revues culturelles. La véritable caution de la cité de l’immigration réside dans le travail des historiens, des commissaires et des artistes, qui légitiment les œuvres présentées. Il s’agit de rassurer par les vertus du récit historique ». Benjamin Stora n’a pas la prétention de régler les problèmes d’intégration et d’immigration en France. Sa mission est de « diriger une institution où débats, documents, legs, expositions constituent des éléments nécessaires pour permettre de combattre les extrémistes qui accusent et enferment dans une seule mémoire ». Il prône une démarche pluraliste, et précise-t-il « ce musée doit devenir l’un des lieux incontournables de restitution d’un passé commun ; Je ne suis pas un éradicateur du passé, la cité de l’immigration ne nie pas l’histoire coloniale qui l’a édifiée, mais je veillerai à ce que l’endroit ne soit pas instrumentalisé, et à ce que la cité de l’immigration s’affirme comme un musée culturel en France. L’enjeu est que le public prononce ces mots-là : Je vais au Palais de la Porte Dorée, comme il dirait : Je vais au Louvre ou à Orsay !». Est-il possible que la cité de l’immigration soit enfin inaugurée, officiellement ? « Je le souhaite, je serais très honoré que le gouvernement organise une cérémonie sous mon mandat ! ». Une dernière question : A un an de la commémoration du génocide Arménien, que prévoit la cité de l’immigration ? « La cité de l’immigration se positionnera par rapport à la diaspora Arménienne en France, mais pour le moment il est trop tôt pour préciser de quelle manière. Il s’agit de réfléchir à la manière dont la France s’est emparée de la présence, de l’histoire et du patrimoine Arménien, et s’est affirmée, s’appuyant sur les immigrants Arméniens ».

www.histoire-immigration.fr

Benjamin Stora, publie ce mois-ci un beau livre « La Guerre d’Algérie expliquée » en images inédites (militaires, civiles ; publiques et intimes). Aux éditions du Seuil (184 pages, 29 euros). www.seuil.com

"La Guerre d'Algérie expliquée en images", éditions Seuil, par Benjamin Stora

"La Guerre d'Algérie expliquée en images", éditions Seuil, par Benjamin Stora

Luc Gruson, directeur de la cité nationale de l'immigration, inaugurant le parcours #REPERES

Luc Gruson, directeur de la cité nationale de l'immigration, inaugurant le parcours #REPERES

Tag(s) : #Expositions
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