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Gilles Verdiani a toujours voulu être cinéaste, sans s’inscrire dans les schémas académiques. Avant lui, Santiago Amigorena, avec sa pépite filmée en noir et blanc, caméra sur l’épaule, sans scénario formel, avait convaincu des acteurs bénévoles de participer à l’aventure de « Les Enfants Rouges », qu’il a réalisé sans financement, pour dénoncer les petites complaisances et autres arrangement qui ternissent la production d’une fiction. Démarche politique. Ou l’art de raconter une histoire sans contrainte. Pas n’importe quelle histoire, celle qui nécessite une indépendance pour ne pas se trahir ni se mentir. Pour laquelle l’on ne peut ergoter avec un producteur ou un réalisateur sur le choix d’un prénom, sur un casting plus ou moins « bankable ».
Gilles Verdiani connaît le cinéma, il a longtemps été critique, notamment pour le magazine de référence Première. Il est scénariste et écrivain. Son dernier roman « La Nièce de Fellini » est paru en 2014 aux éditions Ecriture. Il assume un style théâtral –dans son acception noble : baroque, comportant un sens aigu des dialogues et des situations en huis-clos, aux virages secs. Il a créé avec le plasticien et compositeur Nils Thornander le groupe artistique « La Zone Erogène », dont l’ambition était de construire des projets (multimédias, performances, happenings, picturaux…) autour du désir charnel. Le groupe ne s’inscrivait pas dans un érotisme voyeuriste qui produit des effets sur les spectateurs, mais construisait au contraire ses créations sur les effets que le désir provoque chez les créateurs. Une aventure artistique placée sous le signe d’Eros, la divinité de l’amour. L’objectif, plus conceptuel et intimiste, associait un lieu et une ambiance à une situation où le désir pouvait s’appréhender de manière joyeuse et naturelle, débarrassée des oripeaux de toutes conventions, de chuchotements, de murmures assourdissants.
C’est riche de ce passé que Gilles Verdiani s’est lancé dans l’écriture de son film Reception (save the date), comédie érotique de science-fiction. Je ne devrais pas me poser la question de justifier ou non cette signature. Pourtant c’est le cas, et je dévoile même quelques clés. Un érotisme suggéré. Une époque futuriste, ou pas, peut-être antérieure, en tout état de cause une société où les seules ambiguïtés relèvent d’une police des mœurs qui ne parvient pas à encadrer la liberté qui préside à un libertinage réjouissant. « Jouissez sans entrave » : slogan qui a marqué une génération, que l’on retrouve dans l’exposition consacrée à Sade, à l’Institut des Lettres et des Manuscrits. Sade, Marquis de l’Ombre et Prince des Lumières, ou l’éventail des libertinages depuis le XVIème siècle. Comme quoi, la question ne date pas d’hier.
Pour ce long métrage, Gilles Verdiani se confronte à l’une des situations les plus délicates : mettre en scène 20 personnages, dans un seul et unique lieu ! Un film choral, sur la liberté, l’expression d’un désir léger et assumé. Gilles se réfère volontiers aux comédies de Cukor, à Guitry ou à Resnais, et rappelle que les femmes ont souvent inspiré des personnages affranchies, audacieuses et irrévérencieuses. A l’image d’une Katharine Hepburn. Des rôles qui ont fait progresser la place de la femme et sa position dans la société. Sous couvert de fantaisie, Gilles Verdiani propose une vision décomplexée de la femme : une héroïne, libre de ses mouvements et de ses élans. Il va même jusqu’à créer un rôle pour une petite chatte, l’un des personnages féminins à part entière de ce film. Et pas n’importe quelle chatte : www.lanouvelleolympe.fr, qui s’engage en faveur de causes sociétales à travers son blog. Aux côtés de l’animal, qui prend ainsi toute sa place d’être sensible, les acteurs plus ou moins connus, ont tous accepté de rejoindre cette aventure singulière. Qu’ils se prénomment Luthien (comme l’Elfe de Tolkien), Sandor et Sonia (qui rêve), Lucrèce ou Romain, Tancrède, Raphaël et Gabriel (les archanges ?), Oriane (qui parle beaucoup), Marguerite, tous portent non seulement un prénom dont je vous laisse imaginer la force symbolique, mais forment une partition très orchestrée, pour cette Réception insolite, où s’invite l’improbable inspecteur Fourme, de la police des mœurs.
Une comédie dont l’audace ne se limite pas au sujet. Gilles Verdiani a décidé de proposer son film au filtre du financement participatif, à travers la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank. C’est vous, spectateurs, qui devenez co-producteurs. Selon le montant que vous décidez d’investir, dix euros ou cent mille, vous bénéficiez d’une contrepartie déterminée. Vous pouvez rejoindre l’aventure, jusqu’au 19 octobre.
Soit vous cliquez http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/reception-save-the-date et financez en ligne,
Soit vous envoyez un chèque à Association Eurydice 51 rue de Lessard - 76100 Rouen, auquel cas vous recevrez une attestation de don ouvrant droit à une déduction fiscale.
Aujourd’hui, il manque encore 3500 euros pour boucler le projet, auquel 60 personnes, anonymes, ont déjà adhéré. Vous aussi, intégrez l’équipe de donateurs de la Réception de Gilles Verdiani : save the date et faites-vous plaisir, sans hésiter !