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Le Paris des Femmes 2015 : meilleur ou pire des mondes au théâtre ?

Depuis 4 ans le Paris des Femmes relève son pari : installer la place des femmes au théâtre, à travers l’écriture de pièces courtes (moins de 30 mn), mises en espace dans un unique décor épuré (une chaise et une table), et portées par l’approche scénique et la voix d’acteurs et actrices qui utilisent le texte papier comme support et élément scénographique. Pendant 3 jours, à la rentrée, 9 auteures se prêtent à cet exercice d’écriture qui constitue le premier challenge de l’année (plutôt qu’un vœu que l’on ne sera pas certain de tenir) : 3 soirs d’affilée (vendredi, samedi, dimanche), ces pièces sont jouées devant un public de 400 personnes, au théâtre des Mathurins. Le programme est ponctué de débats et conférences animés par les journalistes Karine Papillaud et Alexis Lacroix. A l’origine, un constat : 80% des pièces écrites pour le théâtre le sont par des hommes. « Il était nécessaire de rééquilibrer ».

Cette année, 9 femmes issues des sphères littéraire (romancières), scénaristique et cinématographique, radiophonique. Moins à l’aise avec la dramaturgie théâtrale, a priori. Nina Bouraoui, Sedef Ecer, Anne Giafferi, Stéphanie Janicot, Nathalie Kuperman, Amélie Nothomb, Lydie Salvayre (Prix Goncourt 2014), Samira Sedira, Lucy Wadham. Leur texte finalisé, a été adapté par 3 metteurs en espace : Jean-Philippe Puymartin, Eric Massé et Michel Vuillermoz, sociétaire de la Comédie Française. Le thème de cette édition : « Le meilleur des mondes », qui réservera beaucoup de surprises. Chacune s’en est emparé à sa manière, en écho à la société ou la langue française, en résonance à l’actualité, au pouvoir, au délitement de valeurs ou d’espoir et de promesses, ou à ce moment de vie qu’elles avaient atteint lorsqu’elles ont été approchées.

Vendredi 21 novembre 2014, en conférence de presse bloggers, l’on apprend que tous les textes ont déjà fait l’objet d’un travail, y compris par les comédiens dont les auteures découvrent le nom de celles et ceux qui véhiculeront leur intention de l’écrit à l’oral, pour le public.

Pourquoi ce thème : « Chaque année, le thème se conçoit sous le haut patronage d’un grand homme, et fait ensuite l’objet d’une décision collégiale », même si de toute évidence Michèle Fitoussi est force de proposition et femme de conviction sur ce point. « Il s’agit avant tout de nous plaire, à nous-mêmes, de s’entendre autour d’un thème qui nous donne envie d’attendre un texte ». Le choix des auteures ? « Comme une chaîne : les auteures des précédentes éditions nous proposent un nom, nous sommes à l’écoute et nous rencontrons des femmes reconnues, certaines moins, par le théâtre ou d’autres formes d’expression et l’on opère un mélange subtil pour fédérer, proposer une cohérence ». Par exemple cette année Anne Giafferi a été introduite par Muriel Magellan, notamment par le biais de l’adaptation d’une pièce de théâtre qu’elle a mise en scène, à partir d’un texte de la romancière, ancienne auteure du Paris des Femmes. Elle découvre que Valérie Bonneton sera l’une des actrices qui jouera sa pièce et s’en réjouit : « J’écris, entre autres, pour la série télévisée « Fait pas ci Fais pas ça », et je sais comment Valérie approche mes textes ». Nathalie Kuperman avait découvert le concept en venant écouter l’adaptation qui avait été réalisée du texte de Delphine de Vigan en 2014, et de fil en aiguilles, d’échanges en discussions, la voilà à son tour présente. Pour Stéphanie Janicot, la proposition est arrivée à un moment étrange. Elle venait de terminer sa trilogie historique (La mémoire du monde, Albin Michel), et envisageait d’écrire un roman d’anticipation et fomentait le projet d’écriture pour le théâtre en duo. Sur le point de relire Huxley, elle est sollicitée pour le Paris des Femmes 2015 : existe-t-il signe du destin plus éloquent ? Lucy Wadham, quant à elle, avait proposé un texte pour l’édition précédente, qui n’avait pas trouvé sa place. Cette année, ce sont les fondatrices qui ont rappelé l’auteure.

Comment ont elles appréhendé l’exercice ? « On n’a pas le droit aux temps morts au théâtre », « On n’écrit pas des dialogues de la même manière pour le théâtre, circonscrit en 30 minutes, que pour une pièce dramatique qui sera adaptée à la radio, même si l’on est à l’aise avec les dialogues », « On n’écrit pas en entendant des personnages muets comme pour un roman, il ne s’agit plus d’une écriture silencieuse », « On n’a pas le temps de s’essouffler ou se répandre, comme l’on pourrait s’y laisser aller dans une écriture romanesque : la concision est la règle », « La place du silence dans le texte, la charge du non-dit, le potentiel de la pause sont déterminants », « Un exercice périlleux pour lequel on est très contraint : pas de décor, 3 personnages maximum, 30 minutes : on ne peut pas prendre son temps », « J’ai découvert que ma langue pouvait être dite à voix haute ».

Toutes s’accordent sur l’aspect linguistique à travailler, central pour un texte incisif avec une chute qui ne peut être bâclée, ni trop évidente ou qui surgirait trop tôt. Sur le fait qu’elles « Offrent un texte » : ne ressentent aucune frustration quant à la personne qui s’en emparera pour l’adapter et le rendre audible. Il est question de « communion entre une auteure, un metteur en espace, les acteurs, le public ». Toutes sont impatientes de découvrir le travail réalisé à partir de leur pièce. Jean-Philippe Puymartin évoque un « numéro d’équilibriste » pour expliquer son travail subtil : le choix de l’acteur qui saura mettre en valeur, par sa simplicité, le texte. La lucidité nécessaire pour réaliser l’équation acteur-metteur en espace-public. Il s’agit d’une « rencontre », pour laquelle il n’existe que peu de temps de répétition. « On n’a pas le luxe d’approfondir, il faut trouver immédiatement, avec beaucoup d’intensité, la justesse ».

Comme le leur a fait remarquer l’éditeur des pièces (L’Avant-Scène), les 3 co-fondatrices qui ont elles-mêmes essuyé les plâtres en écrivant ou en adaptant les textes pour la scène des Mathurins, Michèle Fitoussi, Véronique Olmi et Anne Rotenberg, ont constitué une « anthologie de pièces de théâtre écrites par des femmes ». D’ailleurs, parle-t-on d’auteure ou d’autrice ? « L’ambition n’est pas tant de focaliser sur ce point, on suit plutôt le flux d’une langue, son évolution naturelle dans son époque, le courant d’une langue qui se transforme. Par ailleurs autrice n’est pas très beau à prononcer. Il ne s’agit pas d’entamer une démarche militante, mais véritablement de remettre les femmes au cœur de la narration théâtrale, et créer des passerelles pédagogiques et culturelles, laisser ces courts textes s’épanouir ailleurs, dans des écoles, ou vivre seuls, rallongés ». Deux femmes ont déjà eu la chance de voir leur pièce de 30 mn se prolonger et faire l’actualité théâtrale : Amanda Sthers et Fabienne Perineau. Un succès pour les cofondatrices, qui ont décidé de proposer deux prix, cette année : un prix d’aide à l’écriture pour permettre à l’une des pièces sélectionnée d’être adaptée en format long, et l’une des 9 auteures primée par un comité de lecture.

Rendez-vous les 9, 10 et 11 janvier au @theatremathurin pour le festival des auteures de théâtre 2015, et sur

www.parisdesfemmes.blogspot.fr, sur la page FB LeParisdesFemmes et @ParisdesFemmes

Dossier de presse et l'affiche du prochain Paris des Femmes qui se tiendra les 9,10 & 11 janvier au théâtre des Mathurins.

Facebook; https://www.facebook.com/LeParisdesFemmes

Twitter: https://twitter.com/ParisdesFemmes

Le blog: http://parisdesfemmes.blogspot.fr/

Voici également le lien pour acheter les billets auprès du théâtre: http://www.theatredesmathurins.com/spectacle.php?id=19

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ParisdesFemmes : 3 cofondatrices

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