Le Musée Ethnographique de Genève réouvre après six années de fermeture (en tenant compte d’aléas politiques, d’un référendum qui a ralenti le processus), et quatre années de travaux. A l’issue d’un concours d’architectes, auquel 50 cabinets internationaux ont participé, le bureau Européen Graber-Pulver a été retenu par un jury composé de professionnels indépendants, réuni en conclave pendant 3 jours. La crédibilité du dispositif repose sur le principe d’anonymat, le jury s’est prononcé sur des critères exigeants, en particulier l’harmonie du bâtiment dans l'écoquartier-jonction de Genève, les équipements et la qualité des espaces proposés. A l’issue d’une votation populaire et d’un débat démocratique, un processus itératif s’est engagé entre les parties prenantes : architectes, dirigeants du musée, acteurs institutionnels, citoyens, et si des compromis ont parfois été nécessaires, pas une fois ce projet n’a été remis en question. L’engagement s’est révélé total, « la collaboration inspirante », avec une ambition partagée : « transférer de la culture et du sourire au public, (…) un trésor d’architecture qui cache des trésors de l’humanité et des jeux de lumières intérieurs et extérieurs ». Le défi a été relevé avec panache par le cabinet qui a construit un bâtiment énergétique immergé, hébergeant un café et une boutique, la bibliothèque aux motifs orientaux et à l’atmosphère sacrée qui ressemble à un chapiteau. En sous-sol, la black-box, espace autonome, réunit sur un unique niveau collections permanentes et expositions temporaires. L’absence de lumière naturelle était un pré requis nécessaire à la préservation des œuvres. Ce nouvel espace public, séparé d’une école par un jardin, laisse apparaître indirectement le musée enténébré qui éveille des images. Le revêtement de la façade, tissée, pensée comme un tapis qui se déploie, varie en fonction de la luminosité. L’intérieur a été conçu pour offrir au public des expériences de voyages exotiques. Le MEG a obtenu le prix de l’immobilier 2014 dans la catégorie « bâtiments publics », décerné par le magazine Bilan, référence suisse de l'économie.
Devant la presse internationale, coordonnée par l’agence Pierre Laporte Communication, le discours inaugural a été prononcé par Remy Pagani, conseiller administratif département construction et aménagement, Sami Kanaan, maire, conseiller administratif département culture et sport, Thierry Pulver et Marco Graber architectes, Philippe Meylan, département des constructions et de l'aménagement, et Boris Wastiau, directeur général. Tous ont exprimé leur émotion de dévoiler « cet écrin et la perle proposée au cœur de cet écrin : l’exposition », de permettre au public, à tous les publics, y compris les personnes handicapées, d’appréhender « des objets rares, biens culturels de l’humanité mis en valeur dans ce bâtiment » (…), « l’émergence de la nef dans ce bateau amiral, puis à 18 mètres de profondeur, cette black-box, sorte de sarcophage qui équivaut à deux terrains de football, véritable prouesse architecturale », de rendre visible « notre histoire, d’où on vient pour considérer notre futur, à travers des objets chargés de lien social, pour faire progresser l’humanité ». La réouverture du MEG constitue un « événement fédérateur représentatif de Genève, la ville qui accueille : la diversité culturelle, qui relie monde d’ailleurs et d’ici et qui vise à faire des gens d’ailleurs des gens d’ici ». Davantage qu’un musée, l’institution se positionne comme une plateforme d’échange et de réseaux partenaires, dont le rôle est de « construire des portes, des passerelles pour le vivre ensemble ». Le MEG se positionne dans le peloton de tête des musées d’ethnographie (le Quai Branly à Paris, d’autres à Cologne, en Belgique, à Vienne…) et revendique l’appellation « ethnographique », plutôt qu’arts premiers pour plusieurs raisons. Une consultation citoyenne a validé cet attachement sémantique. Le musée se défend par ailleurs de toute discrimination du statut de l’objet, « témoin de l’histoire de l’humanité », présenté sur un pied d’égalité quelle que soit sa provenance. Enfin, la Suisse n’a pas de passé colonial et propose une couverture matérielle globale et diversifiée.
Les années qui ont précédé sa réouverture ont été consacrées à constituer l’équipe internationale, à sélectionner 80 000 pièces de référence, aux consultations scientifiques, aux archivages, au travail iconographique, à la création de sites internet dont un prolongement en ligne du MEG (e-meg), un travail sur la musique et le son, la programmation jusqu’en 2019, la scénographie des vitrines et de l’exposition temporaire consacrée au Pérou : « les rois mohica », où l’on découvre ces « êtres crocs » assoiffés de pouvoir, de divinités, de rites et de symboles (hibou, araignée, poulpe), au 8ème siècle de notre ère.
Le MEG représente un coût total de 68 millions de francs CHF, 7 sections principales, 5 continents, un espace ethnomusicologie, une offre événementielle qui va permettre de décupler la visibilité des pièces exposées (spectacles, arts de la rue, salle de cinéma, salons de musique, approches pédagogiques…), la bibliothèque Marie-Madeleine Lancroux, du nom de sa donatrice, constituée de 45 000 documents. Par-delà, le MEG constitue un « progrès contre la barbarie, dans les objets ramenés et exposés, voué à l’humanisme », le symbole de la « diversité culturelle dans une ville internationale, au service du bien commun ».
Ce week-end, le MEG ouvre ses portes officiellement. Des festivités ont été prévues (visites, expositions, performances, concerts, danses, ateliers…) : soyez au rendez-vous de cette actualité culturelle européenne exceptionnelle.
Dossier de presse : http://www.ville-ge.ch/meg/presse.php /