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Jean-François Balmer lit Régis Debray
Jean-François Balmer lit Régis Debray

Après Dominique Blanc qui avait convaincu un public séduit par ce cycle de lectures proposé par le nouveau directeur du théâtre de l’Atelier, Didier Long, revenant sur « Les Années » d’Annie Ernaux, qui sont un peu les nôtres aussi, c’est au tour de Jean-François Balmer de prendre place derrière la table en bois rustique, sans décor ni lumières ni mise en scène.

Sa voix porte les réflexions de Régis Debray, regroupées dans son dernier ouvrage « Un candide à sa fenêtre », dégagements II, paru chez Gallimard cette année. Il en impose, Jean-François Balmer, et invite d’emblée à la retenue et l’écoute, en silence. Erreur. Il serait naïf de croire que cela est aussi simple. Parce qu’au détour d’un dégagement de l’auteur médiologue, journaliste philosophe écrivain essayiste, membre de l’Académie Goncourt, Balmer invective, dénonce, appuie, répète, enfonce le propos, scrute la réaction du public pour mieux s’en délecter. Un Balmer caustique, humoristique, stoïque, politique, diplomatique, sardonique. Il assure le show, propose un véritable ballet de mots, de périphrases, d’épigrammes et d’éloges, effectue de sérieux pas de côtés. Même la voix éraillée, il percute le public et sert admirablement les pensées de Régis Debray, sur la France enfance élégance romance souffrance, le couvre-chef, un train à soi. Sur les Philosophies, depuis le Lotus Bleu jusqu’à Lettre persane. Sur les Arts avec Plantu. Sur les Littératures, proposant une solution à vérifier. Mâtinant l’ensemble d’Impertinence : « Mais si l’époque a tort ? », et de sous-estimation : « seulement dangereux sur le plan intellectuel ». Ce qui est inscrit sur la fiche de police sur Hitler, Adolf, retrouvée dans les archives de la Commission française d’occupation de la Ruhr (1923). Sur les Mondes, la Grèce et le concert européen. Où l’on apprend que « La Grèce est le seul exemple connu d’un pays vivant en pleine banqueroute depuis le jour de sa naissance… » (…) « Ce diagnostic n’est pas un édito d’hier matin, mais un extrait de la Grèce Contemporaine d’Edmond About, de 1854 ». CQFD.

« On est très sérieux quand on a dix-sept ans ; on l’est beaucoup moins, par chance, à soixante-dix ». L’âge pour renâcler l’histoire, méditer sur Orient et Occident, se réapproprier la théologie ? L’âge pour restituer l’air du temps, réinventer sa curiosité ? C’est ainsi que conclue Jean-François Balmer, invitant le public à poursuivre la lecture de ces dégagements emplis d’humanités, d’iniquités, de légèretés. Chacun y inhalera ses propres interrogations, flânera sur les sujets qui entrent en dissonance ou qui, au contraire se réverbèrent. Balmer a jeté son dévolu sur Sarkozy, par exemple, mais il y a aussi Bill Viola pour d’autres. Le spectre est abyssal, social et sociétal. On ouvre une fenêtre et il suffit d’observer, avec ce regard innocent et lucide. Au théâtre de l’Atelier chaque soir, à 19h, pendant 15 jours, avant de passer le relais à l’élégant Sami Frey (Sartre et de Beauvoir, correspondance). www.theatre-atelier.com

http://www.theatre-atelier.com/spectacle-les-lectures-de-l-atelier-103.htm

Jean-François Balmer

Jean-François Balmer

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