Surprenante et intrépide Guesh Patti. Elle se donne corps et âme pour cette revue dont elle a assuré la chorégraphie, sur des fragments d’Autoportrait d’Edouard Levé (paru chez POL). Elle, femme exposée, au milieu de 3 hommes, qui figurent 3 étapes charnières d’une existence. La musique trash hache l’espace, et les corps s’entrechoquent. La danse explosive est faite de perspectives. Moderne, voire visionnaire. Une proposition qui n’avait pas encore été tentée. Dérangeante obsédante englobante aliénante, et libératrice. Qui ne laisse pas le temps de se poser la question de savoir si l’on aime ou si l’on refoule. Nous sommes happés, partie intégrante du spectacle à notre corps défendant. Comme l’un des membres d’un corps, ou de la troupe. Une danse brute, des mots qui claquent, des gestes automates, des regards fixes. Le petit théâtre rouge et cosy se déstructure. La scène est revisitée dans ses moindres recoins. Le plus aiguille des talons fait sens. Ça nous arrache une part de nous-même, indicible. Une expérience sensorielle et émotionnelle aventureuse : théâtre, danse, art ? un mix créatif harmonieux quoique déchainé.
Le tourbillon coordonné par Guesh Patti se reforme pour une unique soirée le lundi 16 mars. C’est furieux et à ne pas rater.