PIAF, ce n’est pas qu’une petite robe noire, menue menue, en maille de soie, pièce emblématique de l’exposition. Cette robe qu’elle ne cessera plus de quitter, dès la fin des années 1950, sur scène. PIAF c’est, bien sûr, une voix. Mais aussi une femme du peuple, une femme amoureuse et une légende qu’elle a elle-même construite grâce aux disques et aux médias. A l’époque, 5 millions de postes de radiophonie existent. Après-guerre ce sera la télévision naissante, et PIAF s’installe ainsi dans tous les foyers. L’exposition rend hommage à une môme légère, qui respirait la joie de vivre, cultivait les amitiés comme les amants, et à une artiste exigeante qui disposait d’un don : ce vibrato exceptionnel, jamais caricatural. Elle tenait la note jusqu’au dernier souffle. Une voix d’alto, de poitrine, homogène. A son répertoire, l’on compte 400 chansons, dont seulement une cinquantaine écrites par elle-même. Elle compose les mélodies de 'la Vie en rose', notamment. L’une des chansons qu’il est possible de chanter, dans la salle-karaoké avec microphone d’époque. En osant l’expérience, l’on comprend toute la puissance d’une voix, et bien malin celui ou celle qui saura faire hérisser les poils sur une chair, et transmettre cette émotion que seule PIAF pouvait restituer. L’on retrouve ses complices : Charles Dumont, Marguerite Monot, Jean-Loup Dabadie, Georges Moustaki. L’un des seuls hommes à avoir quitté PIAF. Car comme en musique, en amour, PIAF décidait, jusqu’à ignorer Yves Montand. Préférer fuir avant que le bonheur ne lui échappe. Sa vie était maîtrisée, et dévolue au travail. Elle écoutait les propositions qu’elle recevait, choisissait et travaillait ensuite sa diction et sa gestuelle avec labeur. Son corps reflétait les paroles et le sens, tout autant que son phrasé et sa diction : est-ce pour cela que lorsque l’on écoute PIAF, l’on comprend les paroles ? Que rien ne nous échappe ? Il suffit de quelques notes, et nous sommes tous capables d’enchaîner, comme cet 'Hymne à l'Amour'. Parce que PIAF était une chanteuse réaliste, populaire, parisienne, citadine, et simple. Elle voulait offrir un conte de fées à son public, à tous les publics, car elle a vécu une carrière internationale, et l’exposition consacre une large partie à ses tournées en Asie notamment, au Japon où elle était attendue avec ferveur, car avec elle, c’est Paris et la France qui débarquaient, les lumières, le tumulte et la foule qui emporte. Ce public constitue l’autre pilier de sa légende, avec lequel elle nourrissait son histoire, tissait ses anecdotes et transmettait sa bohême. Cette fable en particulier, de sa naissance sur les marches du 72 rue de Belleville ! PIAF est née dans une clinique… Elle romançait sa vie pour mieux oublier la misère de son enfance. Plus tard, comme une revanche sur la pauvreté, elle s’installera dans de grands appartements. Pour autant elle n’oubliera pas, et se montrera généreuse.
Dans la vie comme backstage, PIAF se montrait joyeuse et lumineuse, et c’est le parti pris de cette rencontre avec PIAF, à l’occasion du centenaire de sa naissance. La BNF et l’INA ont recueilli de nombreux documents, archives et pièces intimes inédites, comme son vanity-case intact, qui la précédait de loge en loge. Son tube de rouge-à-lèvres, datant de 1960 a été conservé ! Ses soirées folles et virevoltantes ne sont pas ignorées. Parfois en concert, Yves Montand et Edith Piaf partaient d’un tel fou-rire, qu’ils devaient décaler la levée de rideau.
PIAF fascinait. Aujourd’hui encore. La BNF propose une PIAF dans son intimité même la plus crue, et au travail, au cœur de la fabrique de son répertoire unique et inégalé à ce jour. Enregistrements sonores, images d’époques, pages de magazines, lettres autographes, notes sur l’ordre de passages de ses chansons en tournée, disques, estampes, photographies, affiches de films.
Avant tout, il y a le rire de PIAF et ce tourbillon de la vie, même si tout cela cachait une gamine de saltimbanques, et des drames personnels. Comme Edith et Marcel. Elle n’aura pas été épargnée, et cependant elle ne faillira pas. Jamais. Ni sur scène, ni auprès de ses amis, de ses collaborateurs, de son public, devenant cet emblème de la culture française. Une PIAF révolutionnaire et iconique, chantant la Carmagnole sur les grilles du Château de Versailles. PIAF sera toujours PIAF, qui se décline au présent en hashtag comme un nom commun, une expression-clé : #PiafBnF
Il est conseillé d’entrer muni de l’audioguide qui reprend 50 de ses chansons, d’extraits d’émissions et de films. Cela complète l’attrait visuel et la mise en scène, en rose et noir.
Jusqu’au 23 août, Galerie 2, quai François Mauriac. Exposition réalisée avec le mécénat de la Caisse d’Epargne Ile-de-France.
Pour davantage d’informations et découvrir les événements autour de l’exposition : www.bnf.fr