Commémoration du centenaire du génocide arménien : Armenian
Jeudi 29 octobre. Hôtel de l’Industrie, Paris. La galerie Sobering était à l’initiative d’une vente aux enchères d’œuvres d’art contemporain au profit de l’association marseillaise ARAM. Une soirée dédiée au fondateur de l’association Jean Garbis Artin, qui a toujours milité et œuvré pour la mémoire arménienne, jusqu’à fonder ce qui est aujourd’hui un centre de recherches et d’archivage, et à son fils Christian Varoujan Artin.
Patricia Keshishian, qui dirige la galerie Sobering, aux côtés de Jacques Ouloussian, président de l’association ARAM, ont orchestré cette soirée-événement dans le cadre du centenaire du génocide des Arméniens.
Jacques Ouloussian a rappelé que grâce aux dons, subventions, notamment du ministère de la Culture pour la numérisation des œuvres, le fonds de l’association est aujourd’hui conséquent : 7.000 livres anciens, des milliers de périodiques, 500 photos, 100 affiches, 2.000 dons sonores, 100.000 pages numérisées et en accès libre sur le site de l’association. Il a précisé que l’association « n’a de sens, que si le travail de recherches et d’archives sert à transmettre un patrimoine ».
Patricia Keshishian avoue avoir ressenti « un coup de cœur pour cette association, son humilité et sa discrétion, le labeur que l’on ressent », elle qui –comme beaucoup d’arméniens, rencontres des interrogations lorsqu’elle s’emploie à tracer le parcours de ses parents et grands-parents, partant à la rencontre de leur identité, comprendre leur exil, et honorer leur travail, souvent laborieux, parvenus en France ou ailleurs. Et si l’association ARAM détenait quelques réponses à nous offrir, à nous qui enquêtons pour reconstituer cette mémoire plus ou moins effacée ? Si quelques pièces d’un long puzzle identitaire figuraient parmi leurs documents, recueillis comme s’il s’agissait de trésors, au porte-à-porte, car c’est ainsi que son fondateur a commencé son travail.
Patricia Keshishian a réuni 100 artistes contemporains, ou d’art conceptuel, de-par le monde. Grecs, arméniens notamment par le biais de Culture dialogue Erevan, américains, israéliens, lithuaniens, berlinois, vietnamiens… Le monde de l’art s’était uni pour cette soirée, composant un morceau de son histoire, au profit de la mémoire arménienne.
100 Œuvres ont été mises aux enchères, la plupart originales, parfois pièces uniques (Tania Mouraud #Ihaveadream en arménien), ou réalisées à 8 ou 30 exemplaires, numérotées (Simon DK #CherSoghomonTehlirian ; Olivier Masset #Untitled ; Lawrence Weiner #Tothemoon) ou en édition limitée (Janaina Tschäpe #Memory). Des artistes designers ont joué le jeu, dont la créatrice de mode Karine Arabian (#Untitled qui constitue une déclinaison et un rapprochement turco-arménien grâce à « la bouffe », comme elle le précise avec un sourire gourmand). Une dernière pièce à souligner, celle des Frères Chapuisat (#Untitled) qui illustrait l’écho paru dans Le Parisien, et signifiant que le passé serait toujours présent.
Un point commun pour ces œuvres : toutes, véhiculaient un message, celui d’une Arménie présente, droite et fière.
Cette vente aux enchères, à un rythme effréné à permis de recueillir des fonds, dont le montant exact sera connu dans le courant de la semaine, intégralement reversés à l’association, sous l’œil de Modeste Boukadia, président du C.D.R.C. (Cercle des Démocrates et Républicains du Congo), jugé par contumace à 30 ans de travaux forcés pour ses prises de position, parmi les personnalités engagés pour l’unification dans leur pays. Une présence forte.
La mémoire s’honore aussi en musique, et à l’issue de la vente aux enchères un concert était proposé, par Adam Barro, baryton-basse, Pierre Bédrossian au doudouk, Anne Quéré au piano, et Fanny Crouet, soprano-colorature, à la personnalité flamboyante, parfois malicieuse dans son jeu de scène. Complices, ils ont chanté Mozart, Caccini, Delibes, Komitas, Tigranian, Afrikian, Abrahamian et ont terminé, en chœur par « Avec ma patrie, Arménie » de Haroutunian. Moment suspendu, un peu hors du temps.
Le cocktail a réuni artistes, organisateurs, invités dans cette salle Lumière, qui semblait créée pour abriter ce moment éphémère, point de repère singulier : autour de l’art.
Je laisse à Patricia Keshishian le mot de la fin pour décrire cette soirée unique « une histoire de cœur », remplie d’allégresse. N’est-ce pas cela que véhicule l’art : les battements de cœur, et d’une vie qui jamais ne s’essouffle.
Retrouvez le LIveTweet de la soirée sur @i_kevorkian et sur Facebook ; Extraits de vidéos sur ma chaîne YouTube
100 Years - 100 Artists : l'art et la Galerie Sobering pour l'Association ARAM #GenocideArmenien