Un psychiatre : Ryûtarô Takahashi. Aujourd’hui #influencer international dans le monde de l’art contemporain, l’un des collectionneurs majeurs d’art au Japon. Sa collection particulière, constituée depuis 1997, comprend 2.000 œuvres. Contrairement à d’autres formes d’expressions artistiques japonaises (comme la littérature, qui s’empare de malaises sociaux, avec notamment Haruki Murakami), l’art contemporain se projette dans une dimension plus lumineuse, porteuse d’espoir, de lyrisme et de poésie. Comme un pied-de-nez à un quotidien instable. Les artistes en extraient le meilleur, le fantastique, ce que l’œil ne perçoit pas immédiatement, ce qui illumine. Au sens propre, comme au sens figuré : ce qui élève vers une sphère cosmique, karmique.
Ryûtarô Takahashi explore cette vertu, de dénicher de jeunes talents psychédéliques, sulfureux, originaux, qui tous travaillent leur sensibilité exacerbée, bien éloignée de tout égo. Il a réuni une vingtaine d’artistes, dont il a acquis les œuvres et expose à la maison de la culture du Japon quarante d’entre elles : #CosmosIntime est davantage qu’une exposition. Il s’agit d’un voyage vers l’au-delà, le cosmos, les étoiles, depuis les tréfonds de soi-même, son intériorité. Pour la première fois ces toiles quittent l’archipel japonais pour s’exposer sur le continent européen, en France, au cœur de Paris. Takahashi précise « la scène artistique japonaise contemporaine, avec face à elle le miroir de l’art européen et derrière elle une tradition millénaire, se situe à égale distance de ces deux miroirs ». Plus simplement, ces œuvres parlent de nous, ce qu’il y a d’intime en chacun de nous, et de prémonitoire : cela dépasse l’horizon, pour se révéler dans le cosmos, dans un monde illimité, à l’extrême.
L’art contemporain japonais invite à repousser ses propres limites, explorer ses fantasmes, ses rêves, l’onirisme inhérent à nos propres personnalités. Ces artistes sont des passeurs d’intime, et l’exposition remplit d’une étrange sagesse. Elle se conçoit comme un retour aux sources, avant de devenir quête initiatique qui tend vers un espace radieux, suspendu, meilleur.
L’art prolongement naturel de la psychiatrie ?
Cette collection particulier #Takahashi aurait pu se prénommer #SixiemeSens, dévoilant ce qu’il y a d’imperceptible, que lui seul a manifestement su identifier.
Ces artistes parlent d’eux, du Japon : ils font aussi écho à nous, ici, en Europe. Exposition-pèlerinage, exploration cosmique, exposition divine.
Les réflexions s’enchaînent à travers des titres symboliques, ou sans titre, et des matériaux composites et le résultat intrigue, irrigue et éblouit, formant une continuité, de l’intime au cosmos.
S’il est pièce iconique à ne pas négliger, c’est la #pumpkin de Yayoi Kusama, célèbre pour avoir inauguré la première édition du Art Setouchi Festival dans l’archipel de Shikoku, département de Kagawa, sur l’île de Naoshima (ou celle de Teshima, investie par Christian Boltanski), autre point névralgique de l’art contemporain Japonais, conçu autour de la Benesse House.
L’acmé du #CosmosIntime, quand l’art fusionne avec une nature sauvage et indomptée, en plein océan Pacifique, comme dans un conte de fées.
Et si la citrouille se transformait, enfin ?
www.mcjp.fr jusqu’au 4 janvier.
Benesse Muséum : ici et Naoshima : ici
Art Setouchi Festival : ici
#CosmosIntime, extraits