Pour terminer 2015, année de commémoration du centenaire du génocide des Arméniens, je dédicacerai mes romans et les CD de #lanouvelleolympe au désormais incontournable salon du livre arménien : Armen Livres d’Alfortville.
Terminer cette année chaotique en mots et en musique, est symbolique, et cet événement essentiel. Il rappelle le rôle de la culture en France, qui rassemble. Il rappelle le rôle déterminant des arméniens dans l’apport de la richesse française. Il raconte l’Histoire et une somme d’histoires qui permettent d’appréhender l’anéantissement d’un peuple, sa manière de se régénérer, comme la nature, avec humilité et détermination. Il raconte les racines arméniennes, et leurs ramifications de-par le monde. A quelques jours de Noël, ce salon illumine les esprits des petits et des plus grands.
Comme chaque année à l’espace culturel « 148 », au cœur de la commune, en face de l’Hôtel de Ville : auteurs en dédicaces, conférences, animations pour les enfants, ateliers d’arts plastiques, et un choix de livres impressionnant : plus de 1000 exemplaires, dont la moitié en langues arménienne, turque, anglaise…
En cette année particulière, deux volets ont été organisés. En mars, juste avant les célébrations du centenaire du génocide arménien (expositions, concerts, vente aux enchères, recueillements….), et le week-end prochain, clôturant ainsi cet enchaînement d’événements pour « ne pas oublier » et affirmer encore davantage la puissance arménienne.
Ce salon est aujourd’hui une référence dans le milieu arménien d’une part, et dans le milieu littéraire plus largement : il constitue un rendez-vous précieux, et il n’est pas rare d’y trouver un ouvrage presque sacré, oublié ou devenu introuvable (comme l’ouvrage de Johannes Lepsius aux éditions Privat). Car le stock constitué au fil des années par la MCA d’Alfortville équivaut à un trésor.
Rencontre avec la nouvelle directrice de la Maison de la Culture Arménienne d’Alfortville, Arax Der Kévorkian, et l’équipe qui œuvre à l’organisation de ce salon littéraire prisé. Elle porte le même nom que moi, répandu dans la communauté. La particule « Der » signifie qu’un prêtre a fait partie des descendants de cette famille-là. Arax (en référence à un fleuve d’Arménie) m’explique que probablement dans la famille de son époux, mais ils n’ont pas retrouvé trace de ce curé. Fouiller dans ses archives familiales demeure une gageure pour les arméniens de ma génération, et se constituer une identité tangible le défi d’une vie, tant le silence demeure. Une certitude : IAN, dernière des 3 syllabes patronymique, identifie cette appartenance (décliné et anglicisé YAN), et indique que l’on « appartient à la famille de », en l’espèce pour ma part, de Kevork (qui signifie Georges -comme le prénom de mon père et son propre père). Ouf ! Un début…
Arax Der Kévorkian, après des études à l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris a travaillé dans de grands groupes industriels, en particulier dans l’agro-alimentaire. Installée depuis peu à Alfortville, elle a saisi l’opportunité qui lui a été offerte de diriger la MCA, suite au départ en retraite de sa directrice Hasmig Kevonian. Son ambition est d’assurer la continuité des missions de la maison de la culture, d’une part, mais aussi de rafraîchir le bâtiment et moderniser la présence numérique de l’espace (refonte du site internet, présence sur les réseaux sociaux, en particulier Facebook).
MCA Alfortville
La MCA d’Alfortville accueille près de 300 élèves, dès l’âge de 5 ans, jusqu’aux adultes, et leur propose des cours de langue jusqu’au baccalauréat, danse mixte (moderne et traditionnelle), musique (éveil, piano, guitare et dehol –sorte de tamtam, la percussion arménienne), arts plastiques, échecs et jeux. Les élèves sont d’origine arménienne, mais n’évoluent pas nécessairement dans un contexte familial arménophone. Arax est fière de préciser que les élèves qui sortent des classes de langue arménienne de la MCA d’Alfortville, obtiennent les meilleures notes au bac, au niveau national.
Outre ces activités récurrentes, la MCA organise des concerts, des auditions, des spectacles pour enfants, et chaque année Armen Livres, le salon du livre arménien, dont la spécificité réside dans le fait que les auteurs sélectionnés traitent tous de l’Arménie ou de leur arménité. Avoir un nom arménien ne suffit pas à s’afficher au salon. En conséquence, tous mes romans n’ont pas été retenus par la directrice qui opère une sélection sans appel, et s'érige en garante de ce parti-pris qui fonde l’exigence du salon. En revanche, mes CD #lanouvelleolympe, qui racontent l’histoire d’une Chatte-de-Van, originaire du lac de Van, seront disponibles.
Le chat d’origine arménienne, découvert dans les années 1950 par une anglaise en voyage sur les terres devenues turques, là précisément où l’Arche de Noé se serait échouée, est identifié au LOOF comme un Turc-de-Van. Indûment annexé par les turcs, ce chat nageur, curieux et facétieux, blanc comme les cimes du mont Ararat, porte bonheur. La mienne, #lanouvelleolympe, est devenue une muse-créatrice et, quoique sourde à l’instar des chats blancs, s’exprime notamment en musique (pop’rock chantée, et piano-voix récitée). Elle est aussi actrice et son premier long-métrage : Réception – le film, de Gilles Verdiani, vient de sortir (en VOD). L’académicien Frédéric Vitoux a souvent évoqué ce chat mystique, relié à d’autres mondes, insondables.
Armen Livres entend assurer la promotion et la diffusion du livre et de l’identité arménienne, d’historiens engagés dans la vie arménienne, d’acteurs qui œuvres pour la cause arménienne. C’est le cas des trois maires qui se sont succédé à la maire d’Alfortville, et cette année le salon les met à l’honneur. Sossie Hagopian assure les liens et les commandes avec les éditeurs en France, mais aussi en Arménie, en Grèce, au Liban, et la plupart des petits éditeurs de ces pays ne peuvent se permettre d’offrir de conditions particulières, ni s’aligner sur l’Harmattan, Parenthèses ou Grasset (frais de port, retours…). C’est ainsi que la MCA a commencé à acheter leur acheter les livres invendus, encougaeant leurs initiatives et se constituant un patrimoine exemplaire, d'ouvrages en français, et traduits. Sossie les a tous, ou presque, lus et détient sans doute une culture phénoménale, et de manière sibylline, cela s’entend. Pour autant, elle écoute, reste à l’affût des nouveautés, et à l’image du platane vaillant (Sossie signifie platane, arbre sacré en Arménie), elle met toute son énergie au service de la mémoire arménienne.
S’il ne fallait retenir que deux livres, cette année ? « Jugement à Istanbul » de Taner Akçam et Vahakn N. Dadrian, aux éditions de l’Aube ou « Mémorial du génocide des Arméniens » de Yves Ternon, Raymond H. Kévorkian et un collectif d’auteurs, au Seuil.
Arax Der Kévorkian tient à souligner l’implication de l’équipe : Sossie et Hasmig, mais aussi Hermig Nercessian, Raphy Akachian, Garig Nartirossyan, Khoren Maroukhtyan. Peut-être avons-nous oublié de citer l’ensemble de ceux qui constituent l’âme de la MCA d’Alfortville, mais vous les retrouverez tous au salon, vendredi (journée dévolue aux enfants), samedi et dimanche dès 11h.
Salon du livre arménien d'Alfortville : Armen Livres
Préparatifs du salon du livre arménien d'Alfortville : Arax Der Kévorkian et l'équipe de la MCA