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Niché au cœur d’un quinzième arrondissement effervescent, l’endroit restitue l’atmosphère d’un refuge. Antoine Bourdelle a créé une œuvre colossale. Ce que l’on en connaît traverse les frontières. C’est immédiatement le Centaure mourant, qui veille sur son cercueil, ses sculptures aux titres manifestes La Victoire, l’Apollon, l’Eloquence, la Force, Pénélope, Sapho, La Vierge à l’Offrande, Héraklès archer. Ses bas-relief pour le Théâtre des Champs-Elysées : la tragédie, la comédie ou la danse. Ses moulages de la main d’Isadora Duncan. Ses bronzes, marbres et plâtres. Des pièces extraordinaires exposées « Salle des monuments », dans son atelier demeuré intact : le « musée imaginaire », disséminés dans les jardins au silence éthéré, mises en valeur dans cette aile créée par Christian de Portzampac. Derrière l’artiste herculéen, un homme tendre se dévoile en famille. Confessions intimidantes, par le prisme de sa fille Rhodia, dont le destin était tracé dès la naissance : porter la mémoire de son père. Le musée a choisi, parmi les archives dont il dispose, des documents qui témoignent de ce récit de vie. Le fil conducteur, rouge, s’inspire de ce ruban de linge qui a appartenu à la petite fille. Pour la première, et sans doute la dernière fois, des dessins délicats et bavards (parmi 6.000 recensés) traduisent les liens protecteurs qui tissent le cordon familial, véritable artère sanguine qui bat. Mille détails et symboles expriment cette résonance entre un père, une mère et petite Poucette. L’esquisse d’une intention artistique que Rhodia mettra finalement de côté, ses cahiers toilés, ses photos de classe, une lettre manuscrite, touchante de lucidité, de Cléopâtre à sa fille. L’ours en peluche de Rhodia, emblématique de cette enfance entourée de chats, symboles de liberté. Entre rêve et réalité, la visite se poursuit jusqu’aux appartements où Rhodia s’installera jusqu’à sa mort. On y retrouve les Nabis, Bonnard. Rhodia n’a pas eu d’enfants, elle a consacré sa vie à son père, aux côtés de sa mère et de son époux, Michel Dufet, artiste et décorateur, dans ce lieu insolite, pépite parisienne. C’est à la ville de Paris qu’elle a choisi de léguer les traces de sa famille et une vie d’abnégation.
Rhodia Bourdelle, récit d’une vie. Jusqu’au 26 mars. www.bourdelle.paris
Rhodia, sa mère Cléopâtre et son père Antoine Bourdelle