Adam Barro est de nouveau à l’initiative de moments inédits, au service de la mémoire arménienne à la mairie du 3e arrondissement de Paris. Le maire, Pierre Aidenbaum, et ses élus sont soucieux d’une ouverture d’esprit et d’expressions artistiques qui favorisent l’enrichissement mémoriel. Azad Magazine a pu s’entretenir avec Yves Peschet, adjoint au maire chargé des affaires scolaires, de la vie associative, de la mémoire et des anciens combattants : « Il est une tradition que d’accompagner la vie du 3e arrondissement. Un quartier nourri de vagues d’immigrations internationales, dont les rescapés du génocide des Arméniens. (…) L’an dernier, nous avons organisé un événement, en présence de Fanny Ardant, autour de l’immigration arménienne. Tous les quinze jours, nous programmons une actualité. Notre arrondissement compte aussi une église arménienne, qui accueille beaucoup de concerts. De nombreuses plaques de rues, et celle du square du temple, ont été gravées en mémoire de résistants juifs ou au nom des enfants du quartier qui ont fait partie de la rafle du vélodrome d’hiver. Dernièrement, nous avons soutenu une réalisatrice du Marais qui a consacré un film à sa tante, déportée pour avoir refusé de porter l’étoile jaune. Nous avons découpé et séquencé ce film, pour le présenter dans les écoles, autour de thématiques porteuses de débats. Ce Voyage musical Paris – Erevan s’inscrit donc naturellement dans notre action ».
La soirée a démarré par une conférence, animée par le professeur Emmanuel Garcia.
Emmanuel Garcia a développé une université inter-âges du nord parisien, en ligne. Il revendique son positionnement « d’historien généraliste », et avoue s’être préoccupé de la question arménienne l’année des commémorations du centenaire du Génocide des Arméniens. Il est intervenu autour d’un thème qui emprunte au cinéma : « le Génocide des Arméniens, un crime presque parfait », et qui tient en haleine, alors même que nous connaissons les faits et leur issue. Crime qui n’a rien de fictionnel, mais dont la dramaturgie redoutable, et les personnages, rappellent les codes du thriller. La victime, le peuple arménien. Les coupables, l’Empire ottoman et le gouvernement Jeunes Turcs. Le crime, presque parfait, son déroulement et sa postérité, son héritage et ses conséquences dans nos mémoires. Emmanuel Garcia rappelle que l’une des particularités du génocide arménien, est qu’il n’a pas donné lieu à réparations morale et matérielles. Il développe ensuite les caractéristiques qui font de ce peuple arménien, une cible. Son extraordinaire cohésion culturelle autour d’une langue, d’un alphabet particulier et d’une religion, véritable marqueur culturel.
À l’issue de la conférence, Adam Barro, accompagné au piano par Anne Quéré, a interprété Bizet, Gounod, Franck, Ibert, Poulenc, Massenet, Tigranian, Spendiarian, Abrahamian et bien sûr Komitas. Un bis de fin inattendu a permis au public d’entendre une version originale de « L’Hymne à l’Amour » d’Edith Piaf.
Adam Barro, baryton-basse est né à Gümri. Dès l’âge de 3 ans sa voix colorée lui offre de se produire en festivals. Il a 12 ans lorsque le tremblement de terre ravage la ville de sa naissance. Grâce à un programme d’échange solidaire et humanitaire avec la France, Adam Barro (de son vrai nom Mourad Amirkhanian) découvre Paris, au sein d’une famille qui l’adoptera, lui offrant son nom de scène. Il poursuit ses études, retourne en Arménie, où il obtient son baccalauréat. Parallèlement il décroche la seule place délivrée par le ministre au conservatoire supérieur national d’Érévan. Le destin… Exigeant, il s’exerce chaque jour. La conscience qu’il a développée de son art lui vient d'être tout autant ici, en France, que là-bas, en Arménie. Le chant lui permet de construire ces passerelles, comme ce voyage musical Paris-Erevan.
Voyage musical Paris - Erevan
Adam Barro a déjà interprété un large répertoire d’opéras, d’airs français, de chants sacrés et de leaders. Pour ce Voyage musical Paris – Erevan, Adam Barro a souhaité « proposer une découverte de la beauté du monde, en alliant mélodies orientales et tonalités occidentales ». Pari réussi, auditoire convaincu. « J’essayerai toujours de créer ce pont artistique et musical entre la France, qui m’a accueilli et l’Arménie, mon berceau, ma culture et mes attaches familiales, et je prépare d’autres voyages musicaux ». Un sourire. Nous n’en saurons pas davantage pour le moment.
Adam Barro interprétera Bartolo (Le Barbier de Séville) à Milan, puis se produira à Périgueux, à Erevan et salle Gaveau en novembre. 2016 verra également la sortie de son CD consacré aux « Ave Maria » (label Quantun).
A retrouver dans Azad magazine trimestriel arménien d'information