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Antoine SireAprès le Festival Lumière à Lyon, « Hollywood, la cité des femmes » poursuit sa promotion à Paris, au mythique Mac Mahon. Le cinéma a accordé à son auteur, Antoine Sire, une avant-première corporate avant la Carte Blanche prévue du 4 au 8 novembre. L’auteur français s’y infiltre depuis l’enfance, dans cette cité des femmes, dont il parvient à percer les mystères année après année.  

 

Il a six ans. Il joue aux côtés d’Anouk Aimé et de Jean-Louis Trintignant sur la plage de Deauville. Un homme et une femme. Claude Lelouch. Ça oriente une vie. Un père scénariste et homme de radio, Gérard : ça l’accélère. Cependant Antoine Sire est probablement né avec des étoiles dans les yeux, celles de l’émerveillement, ébloui par les femmes du cinéma américain. Depuis quatre ans, il travaille à l’écriture de « Hollywood, la cité des femmes » publié aux éditions Actes Sud avec l’Institut Lumière. Un ouvrage inqualifiable. Une bible de 1200 pages. Le papier est aussi fin que les pages des testaments, des psaumes et des prophéties, aussi fin que celui des histoires les plus fragiles et fantastiques. C’est qu’il a la foi, Antoine Sire, une foi inébranlable envers le cinéma. Pas n’importe lequel : celui des femmes, qui en ont pris le pouvoir. Celui de l’âge d’or, à Hollywood, entre 1930 et 1955. Un cinéma de regards, ardent et drôle ; un cinéma élégant et ensorcelant ; un cinéma social et sociétal ; un cinéma moderne. Hasard ou coïncidence, une formule chère à Claude Lelouch : l’auteur a visionné 1200 films pour raconter cette épopée, se replongeant dans le parcours exhaustif de chacune des actrices, affirmant ainsi une volonté d’équilibrer la mise en lumière de chacune d’elles. Certaines dont la renommée a parcouru le monde, d’autres dont le nom est demeuré confidentiel dans la cité des femmes, à Hollywood, alors que leur carrière n’en était pas moins exceptionnelle.

 

Lors de cette avant-première, Antoine Sire a présenté sa cité des femmes et un film de son panthéon : « Chaînes Conjugales » de Joseph L. Mankiewicz. Trois femmes reçoivent une lettre de leur amie Addie, au moment où le bateau sur lequel elles viennent d’embarquer pour s’occuper d’orphelins, largue les amarres. Addie. Addie Ross, qu’à aucun moment le spectateur ne croisera. Existe-t-elle seulement ? Quelques lignes de sa main suffisent à déclencher une intrigue diabolique : Addie Ross a quitté la ville avec le mari de l’une de ces trois femmes. Frissons et suspense garantis. Nous sommes en 1949.

 

Hollywood, La cité des femmes

 

Antoine Sire a écrit cet ouvrage pour « réparer une injustice », précise-t-il : « Il s’agissait d’écrire sur un cinéma particulier, moins préoccupé par le culte des stars de l’âge d’or de cette industrie à Hollywood que par un extraordinaire et redoutable plan marketing des studios visant à séduire les spectateurs qui, de leur côté, attendaient des histoires romanesques. C’est par le prisme des femmes que l’on peut comprendre ce cinéma-là, leur audace et leur détermination à imposer une équité et des scénarios approfondis, des personnages à la psychologie complexe. Katharine Hepburn, par exemple. Pionnière du féminisme. Elle a joué un rôle majeur dans la société américaine de l’époque, affirmant des idées nouvelles, dénonçant la maltraitance conjugale, le racisme, s’engageant pour la parité. Bette Davis : la première actrice à prouver qu’il était possible de réussir autrement qu’en capitalisant sur sa beauté. Elle n’a pas hésité à s’enlaidir, à jouer des rôles de femmes méchantes dont elle disait qu’ils étaient souvent mieux élaborés. Carole Lombard : une femme qui a su faire rire à ses dépens comme, avant elle, Charlie Chaplin ou Buster Keaton dans ce genre. Cet ouvrage retrace le destin d’une centaine de femmes, véritables icones et celui d’actrices plus oubliées. Greta Garbo, Marylin Monroe bien sûr, mais aussi par exemple Jeanette MacDonald, cantatrice, qui a permis au public de découvrir Gounod !

Ce livre propose un triple point de vue : féministe en premier lieu. Je raconte les coulisses des tournages, les cadences infernales, l’absence de syndicats, les écarts de salaires. Les femmes arrivant aux aurores sur les plateaux pour se prêter aux longues séances de maquillage, contrairement aux hommes. Judy Garland, morte trop jeune d’épuisement, droguée à coups de somnifères la soir, d’excitants le matin, d’amphétamines la journée. Ensuite, je livre un point de vue de cinéphile, autour de deux points clés : le rôle des producteurs et le code de censure, la création d’une administration pour le faire respecter, et le pacte secret entre actrices et réalisateurs pour des rôles différents, meilleurs, plus travaillés, échappant aux diktats et stéréotypes des producteurs. Le procès gagné par Olivia de Havilland en constitue un exemple déterminant. Enfin, ce cinéma était un cinéma de regards et d’effets. Georges Cukor, Joseph L. Mankiewicz et d’autres, avec le concours des chefs opérateurs et leurs jeux de lumières. C’est tout cela que raconte « Hollywood, la cité des femmes » : ces parcours de femmes extraordinaires, leur travail, leur engagement, leur exigence esthétique, leur parcours de vie. Ce cinéma de l’âge d’or à Hollywood ne se résume pas à la seule image « glamour », l’enchantement comporte aussi sa part d’ombre. »

 

 

« Chaînes conjugales » de Joseph L. Mankiewicz

 

Antoine Sire fournit ensuite quelques éléments de contexte : « Ce film a été tourné après Guerre, il se focalise sur le destin de trois femmes qui s’emparent de leur vie (de couple, professionnelle, relationnelle), dans un monde en plein changement. Ce film est construit de manière astucieuse avec une utilisation incomparable des flashbacks. Il est adapté d’une nouvelle et son écriture scénaristique soignée est due en partie à une femme, qui apparaît au générique : Véra Caspary. Les trois actrices sont peut-être moins connues des cinéphiles, alors que leur jeu relève d’une grande maîtrise. Jeanne Crain, élue Miss Long Beach à l’origine, considérée comme l’une des plus belles femmes de Hollywood, dont la beauté a souvent été qualifiée de glaciale, prouve ici sa puissance dramatique. Ann Sothern, une actrice polyvalente qui a prouvé son talent dans des comédies musicales, des drames psychologiques, des comédies, ou comme danseuse. L’une des grandes professionnelles de la cité des femmes de Hollywood. Elle a également exercé en radio, comme dans le rôle qu’elle tient. Linda Darnell enfin, dont la vie n’a été que souffrance, poussée à exercer ce métier par une mère dominatrice. Qualifiée de beauté exotique à ses débuts, elle a échappé à des films sans enjeu jusqu’à « Chaînes conjugales » qui, pourtant, sera à l’origine de son déclin. Sur le tournage, elle noue une liaison enflammée avec le réalisateur. Alors qu’il filme, il commence l’écriture de « La Comtesse aux pieds nus » dont Linda Darnell attendra le rôle principal qui sera accordé à Ava Gardner. Ce sera l’un des pires drames de sa vie. L’autre est plus effroyable : elle qui craignait le feu plus que tout, périra dans les flammes. Ce film est à la gloire de la capacité d’amour des femmes. »

 

Antoine Sire au Mac Mahon

Carte Blanche à Antoine Sire au cinéma Mac Mahon du 4 au 8 novembre : Huit classiques projetés, des conférences et des débats animés, des signatures programmées en présence de l’auteur Antoine Sire (Assurance sur la mort, Lettre d’une inconnue, Chaînes conjugales, La scandaleuse de Berlin, La rue rouge, All about Eve, L’homme tranquille, Mirage de la vie) 

 

« Hollywood, la cité des femmes » : Histoire des actrices de l’âge d’Hollywood, 1930-1955 » par Antoine Sire. 1200 pages et une iconographie digne de Harcourt et des lumières du cinéma. Institut Lumière/Actes Sud. 59 euros. 

 

Tag(s) : #Cinema, #EVENT, #liste, #Beaux Livres
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