Les femmes ont du talent : Isabelle Kévorkian, écrivaine en quête d'arménité. Azad Magazine a souhaité vous faire découvrir une écrivaine arménienne attachante et touche-à-tout.
Azad Magazine : Dans vos romans vous parlez d’arménité. Comment est-elle arrivée ?
Isabelle Kévorkian : Mon arménité m'est "tombée dessus" lors de la publication de mon premier roman, Cet enfant que tu m'as volé, aux éditions Les Oiseaux de Papier. Un thriller passionnel, librement inspiré des tragédies grecques. Quelque temps plus tard, je me suis souvenue de ce fait divers : un père de famille avait assassiné sa famille une nuit de printemps 1984, et sa fille, Marie-Hélène était mon amie. J'avais 15 ans. Soudain, Marie-Hélène est revenue me hanter. J'ai mené une enquête obsessionnelle et enfiévrée pour comprendre pourquoi elle revenait, ce que cachait ce massacre et toutes les pièces à conviction que je trouvais me ramenaient à mon arménité, à mes origines. Peu à peu, je n'enquêtais plus sur la famille de Marie-Hélène, mais sur la mienne, et derrière ce massacre-là, se cachait celui des Arméniens. Cette histoire a fait l'objet d'un nouveau roman publié chez Jérôme Do. Bentzinger, Les Enfants Rouges. Depuis j'ai publié deux autres romans, toujours des thrillers familiaux. Je suis de cette génération d'enfants d'origine arménienne aux parents taiseux, et grands-parents mutiques.
A.M : Quelle est votre démarche ?
I.K : Soudain, un jour, on se lève et il est nécessaire de comprendre pourquoi et comment. Qui on est, d'où on vient. Si notre nom de famille est vraiment le bon, s'il n'a pas été échangé sur les routes de l'exode. Mes grands-parents paternels ont survécu au génocide et se sont installés à Cogolin. Ils ont travaillé dans une manufacture de tapis. Depuis, j’enquête sur ma propre histoire, mes origines, le chemin de mes grands-parents, les routes qu’ils ont empruntées. C’est difficile, il reste peu de traces, d’archives, de photos. C’est long. Ce qui me remplit de fierté, c’est d’avoir coordonné le renouvellement du timbre Marianne, emblème républicain, pour le Groupe La Poste, dévoilé à l’Élysée. Ce jour-là, j’ai foulé des tapis probablement tissés par mes grands-parents. Mes grands-parents ont « fait la France » et leur savoir-faire artisanal, incomparable, a traversé les océans pour s’installer dans les institutions. Le Palais de l’Élysée, la Maison Blanche, le paquebot Normandie... Je compile les éléments de ce puzzle pour écrire leur histoire. À ma manière, je leur rends justice, comme tout ce que j’écris. Car l’instigateur du génocide des Arméniens était facteur, puis directeur de La Poste de Salonique avant de devenir ministre des PTT. Je ne pouvais pas ne pas travailler à La Poste, c’était mon destin.
A.M : Pouvez-vous me parler de #lanouvelleolympe ?
I.K : J’ai adopté une petite chatte d’origine arménienne, un Chat-de-Van, une race de chats singulière et rare. Comme les territoires, ces chats ont été annexés par les Turcs pendant le génocide. Cette petite chatte aussi m’est "tombée dessus" et m’a choisie. Depuis elle est devenue une muse-créatrice, et j’ai développé un concept artistique global autour d’elle. Elle est devenue une marque commerciale #lanouvelleolympe. Elle tient un blog : www.lanouvelleolympe.fr et a déjà 2 CD à son actif. Elle vient aussi de publier aux Éditions Delatour ce trimestre des recueils de partitions associées aux CD (en vente sur toutes les plateformes digitales, notamment iTunes et sur le site de son producteur www.ikevorkian.fr. Elle publiera également son premier roman Mes #Chatventures romanesques, de Brest à Paris toujours aux Éditions Delatour. Sous couvert de légèreté, cette petite chatte aborde des causes sociétales, notamment l’arménité, les origines et l’identité. À travers elle aussi, je peux compléter mon "enquête".
A.M : Et pourquoi faites-vous cela ?
I.K : J’écris, précisément pour tracer ce parcours singulier. La musique aussi permet cela. La création sous toutes ses formes, c’est ma manière de venir en aide à mes ancêtres, ma famille et moi-même, et de laisser des traces pérennes. Les intellectuels et les artistes ont été les premiers visés par le génocide, c’est un juste retour lorsque l’on peut à son tour s’exprimer librement, de le faire. C’est même un devoir, une nécessité. Ce n’est pas le hasard. ■
Propos recueillis par Éric Morino
www.ikevorkian.fr www.lanouvelleolympe.fr
A retrouver ici : The 100 LIVES et Aurora prize
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#Lanouvelleolympe (Piano-voix) de Isabelle Kévorkian & Pauline Wagner sur Apple Music
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