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Kunuhigo MoriguchiJusqu’au 17 décembre, la Maison de la Culture et du Japon à Paris ouvre ses portes à l’artiste japonais Kunihiko Moriguchi, élevé au rang de « Trésor national vivant » -conservateur de biens immatériels rares, deuxième de sa génération. Il perpétue la technique ancestrale dite de Yûzen, pour réaliser ses célèbres kimonos d’apparat, autant de pièces uniques exposées dans leur taille d’origine. Une technique artisanale de teinture de tissus en 15 étapes, depuis la conception du motif, les croquis sur papier blanc et autres dessins préparatoires (qui parfois peuvent fermenter dix ans avant que son auteur en soit satisfait), le travail du blanc avant l’aplat des couleurs, un savoir-faire singulier, transmis de père en fils, à base de pâte de riz, de grains de pâte de riz, d’insectes et d’eau qui, in fine, permet de fixer l’ensemble.

 

 

Vers un ordre caché

Né à Kyôto, le créateur avoue avoir été influencé par le courant Op art, pendant du Pop art. Quand le design devient un art. Kunihiko Moriguchi : le « Andy Warhol du Kimono » ? Il a séjourné en France en début des années 1960 et de cette époque inventive, il a conservé un motif particulier : l’hexagone et une intention artistique : décliner à l’infini un même motif, l’étirer, l’allonger, le peindre ou non. L’hexagone ne représente pas seulement la France, Kunihiko Moriguchi précise : « L’hexagone est partout dans la nature, dans l’univers ». Et le Kimono devient cosmogonique. D’où ces collections aux noms poétiques : Mille-Fleurs, Floraison, Aube, Quand danse la neige ; ou ces motifs figuratifs comme le chrysanthème –fleur symbolique au Japon, ou géométriques : Pentagones écarlates. Ce qui l’importe avant tout dans son travail, Kunihiko Moriguchi, c’est le mouvement, que l’on découvre en particulier en scrutant son tout premier kimono : Lumière. L’ondoiement de l’eau plus précisément. Il explique qu’il imagine la manière dont l’habit sera porté, l’animation des lignes coordonnée au déplacement du corps. Sa création doit se révéler évolutive. Il dessine à plat puis en 3D pour s’en assurer.

Kunuhigo MoriguchiEn 1969, sa première exposition personnelle à Tokyo lui vaudra un prix qui confirmera sa destinée et l’encouragera à poursuivre sa dynamique autour des lignes, des structures géométriques et de la soie blanche sous forme hexagonale. Il devient membre de l’Association des artisans d’art du Japon. Il se noue d’amitié avec Gaëtan Picon et Balthus, il voyage à Paris –féru d’histoire de l’art il s’exprime d’ailleurs dans un français impeccable, il séjourne à la Villa Médicis dans « La Chambre Turque », boudoir néo-mauresque… Il n’en faut pas davantage pour asseoir un talent remarquable et noble, entre orient et occident. Ses idées conceptuelles ont convaincu récemment le musée de la Céramique de Sèvres qui lui a passé une commande pour un service à café inédit. Le résultat est surprenant : une soucoupe plane et une tasse Minori en porcelaine, petit feu et or 24 carats. On lui doit les célèbres sacs Mitsukoshi dont le motif Fructification, qui ressemble à un kaléidoscope, est repris de l’un des 26 kimonos exposés. Aujourd’hui, la valise Fructification complète la collection, ainsi que des étoffes, des papiers japonais. Pourtant, Kunihiko Moriguchi semble réfléchir encore à ce motif, comme s’il n’en avait pas tout à fait terminé de le reproduire, comme si une nouvelle orientation l’animait intérieurement.

 

Kunuhigo MoriguchiDe « L’au-delà dans l’art japonais » et le Op art … « Vers un  ordre caché », il se sera écoulé une cinquantaine d’années et cependant, Kunihiko Moriguchi sera demeuré fidèle à ses idées et représentations originelles et au respect de la beauté des matériaux qu’il utilise. Il conclue en expliquant que La France l’a « libéré d’un japon traditionnaliste, conservateur » et en même temps il se revendique à la fois « classique et orthodoxe ».

 

 

 

 

 

Kunihiko Moriguchi : Vers un  ordre caché à @MCJP_officiel : www.mcjp.fr

Yûzenwww.marcpetitjean.fr/films/tresor-vivant : à la découverte du Yûzen et son raffinement

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Soulignons qu’au rez-de-chaussée de la Maison de la Culture et du Japon à Paris, une autre exposition célèbre le respect mutuel et la diplomatie : Joseon Tongshinsa / Chosen Tsuschinshi, Ambassades coréennes, patrimoine pour la paix entre Corée du Sud et Japon.

Tag(s) : #EVENT, #Expositions, #Artisanat
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