
Un homme hyperactif. Qui a passé sa vie au service des citoyens du bout du monde, des touristes et autres pèlerins. D’abord comme conseiller au sein de la Banque du Crédit Agricole pendant près de 25 ans. Puis en tant qu’élu. Maire de la commune de Plougonvelin, Finistère nord, pendant… 25 ans (conseiller municipal avant quatre mandats successifs). Louis Caradec a également présidé la Communauté de communes du Pays d’Iroise (2 mandats successifs), le Syndicat Mixte pour l’aménagement et la protection de la Pointe Saint Mathieu et a succédé à Alphonse Arzel à la tête de l’Association des maires du Finistère. Edile breton, maître d’œuvre et d’ouvrage, le voilà devenu auteur. Il publiera à l’automne son 13ème ouvrage, consacré à La Pointe Saint Mathieu, qui viendra « clôturer » dit-il sans conviction, une série originale de livres patrimoniaux.

Ces écrits lui ont permis de « découvrir » s’étonne-t-il, ces communes qu’il a dirigées et dont il croyait connaître les moindres secrets et détails historiques, architecturaux, culturels ou insolites. Plougonvelin le Trez-Hir, Bertheaume, Plouarzel, Le Conquet, Lann Bihoué (la base et le bagad), l'Iroise (les tracteurs), entre autres.

Défenseur ardent du bout du monde
On lui doit quelques réalisations majeures, outre le développement communal puisqu’en 25 ans, la commune est passée de 1600 à 3600 habitants.

L’acquisition du fort de Bertheaume auprès du Ministère de la Défense, sa restauration et sa ouverture au public. Une réhabilitation largement récompensée (premier prix national des « Rubans du patrimoine », prix de l’accueil et du patrimoine historique des associations nationales des stations classées et des communes touristiques, trophée des communes pour la mise en valeur et la protection de l’environnement). Cet ancien fort à l’abandon est aujourd’hui un théâtre de verdure qui fait revivre l’Histoire. Entre autres événements : le combat naval mettant aux prises Hervé de Portzmoguer, capitaine de La Cordelière, et la flotte anglaise d'Henri VIII. Plus tard, lorsque la guerre est déclarée entre la France et les Anglo-Hollandais, Brest est l'une des places fortes du royaume et Bertheaume son avant-poste. Vauban décide de le fortifier et d'y aménager une batterie de cinq pièces : 3 canons orientés vers le plan d'eau, 2 mortiers aptes à tirer vers le large. Le fort couvre l'anse de Bertheaume, point de rassemblement des formations navales en attente de vent ou de marée pour entrer au port de Brest ou gagner la haute mer. Ce fort abrupt, tout en anfractuosités, offre aussi de formidables aventures pour les plus téméraires, dès 9 ans : tyrolienne, chasses au trésors, parcours en rochers, échelle spéléo, ponts de singe népalais tibétain… Enfin, un musée et des expositions sont proposées, aménagées dans l’un des bunkers conservé.
On lui doit évidemment le centre nautique qui défie la rade de Brest et la presqu’île de Crozon, le Centre de Loisirs Aquatique à eau de mer et le désormais célèbre Espace Keraudy, dévolu à la culture et aux congrès, édifié grâce au legs d’un ancien Plouvongelinois qui avait fait de la connaissance sa philosophie de vie.
Mais encore… la construction du cénotaphe voulu par l’Amiral Guépratte, député de Brest, sous l’impulsion du ministre de la marine Georges Leygues : monument national des marins morts pour la France, ainsi qu’un musée composé de cryptes qui célèbrent l’âme des gens de mer. Un site somptueux d’un point de vue architectural. La stèle, tournée vers la mer d’Iroise, qui invite au devoir de mémoire et au recueillement, est l’œuvre du sculpteur René Quillivic.

Récemment, la borne Zéro pour les pèlerins a été inaugurée, à 1958 kilomètres de Compostelle depuis les ruines de l’abbaye de Saint Mathieu (Gr65) et, même si Louis Caradec n’en pas à l’origine, il a néanmoins contribué à fluidifier les relations avec le ministère des Armées pour aménager sur un terrain militaire de 17 hectares, le blockhaus de Keromnès, poste de coordination du Mur de l’atlantique, en Musée des Mémoires 39-45, une initiative immersive et inédite en France des frères Coquil.

Saint Mathieu : la fin d’une saga en images ?
Au départ, lorsque Louis Caradec n’est pas réélu, en 2008, il se retourne avec amertume et fierté mêlées sur son parcours et ses réalisations. Il se met à écrire une somme d’anecdotes, sans ambition particulière, sauf que cela forme très vite une matière incomparable. Les mémoires d’un maire réélu quatre fois. Qu’il ponctue de son expérience dans la marine et l’aéronavale (sa formation) et des combats qu’il a menés (Afrique du nord). Il revisite ses souvenirs à l’aune du nombre d’heures de vol à son actif : 3.222 ! Cela donne une publication insolite et vertueuse que n’importe quel édile devrait lire : « Fortunes de Maire ». Louis Caradec est lancé, sur les chemins de l’écrit, des commémorations et du bout du monde. Tous ses ouvrages sont largement agrémentés de cartes postales et photographies, une iconographie rare collectée grâce au soutien des administrés et amis. Jusqu’à… Saint Mathieu, à la pointe du Pays d’Iroise : la fin de son pèlerinage ?

« Aussi loin que l’histoire se souvienne, la 'Seigneurerie de Saint Mathieu', institution médiévale assurant l'encadrement économique et judiciaire de la quasi-totalité des paroisses de l'actuel Pays d'Iroise, vécut bon nombre de conflits mondiaux. Un site témoin mais qui en a également subit les effets. La Pointe Saint Mathieu, exposée, à l’extrémité du continent européen, lieu de passage obligé de tous les navires de guerre, elle connut au fil des siècles tous les pillages, incendies et destructions. Reconstruite une vingtaine de fois, la cité Saint Mathieu survécut à ses meurtrissures et tourments. Preuve de son caractère stratégique dans la surveillance maritime, un phare fut construit au milieu des ruines de l’abbaye ! Un sémaphore, à quelques mètres du porche, côtoie un transformateur électrique et des bâtiments à l’usage des gardiens. Seul le Mémorial des marins morts pour la France s’élève un peu à l’écart. Question de respect ».

Louis Caradec est fasciné par Saint Mathieu, dont il ne soupçonnait pas les découvertes qu’il lui restait encore à creuser. Ce treizième livre va lui permettre d’offrir un propos historique et légendaire exhaustif, et une interprétation du patrimoine jamais encore divulguée. Rédigé avec le soutien d’historiens, de maîtres de conférences, d’associations et de collectivités partenaires, la Pointe Saint Mathieu prouve, s’il en était encore utile, à travers sa mythologie fascinante, un rôle majeur au service de la France et des français.