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Shinrin Yoku, Pr Yoshifumi Miyazaki

 

 

Le Professeur Yoshifumi Miyazaki dévoile l’art du Shinrin Yoku encore appelé les bains de forêt, ou le secret de santé naturelle des Japonais. Et si l’on prenait le temps de transposer le fascinant pouvoir guérisseur de la forêt à notre mode de vie occidental, urbain, presque complètement déshumanisé ? Car même ici, il est possible de s'imprégner de la nature et des espaces verts biologiques ou recréés sur-mesure pour rendre aux lieux les plus industrialisés une part d’écologie, d’éveil originel et de guérison.

« Chaque feuille d’arbre est porteuse d’un message du monde invisible. Regardez, une feuille qui tombe est une bénédiction. » Le sage Rumi est l’un des nombreux inspirateurs qui égrènent, d’une citation à point nommé, les différents chapitres de cet ouvrage vert, qui hume bon la terre, révèle la vertu de l’écothérapie et les chemins de la sylvothérapie, officiels et reconnus. Nul besoin de connaissances théoriques ou scientifiques pour les emprunter, car « Ne sachant pas le nom de l’arbre, je me tins dans le torrent de son doux parfum. » précise Matsuo Basho.

 

Le shinrin yoku, qu’est-ce que c’est ? baigner dans une forêt, est-ce aussi simple, banal et littéral ? En vérité cela consiste « à marcher dans les bois, sans se dépêcher, pendant une matinée, une après-midi ou une journée entière. » La caractères japonais sont éloquents : ils représentent une forêt (trois arbres), un bois (deux arbres) et l’idée de baigner (l’eau qui coule et une vallée). Ni plus ni moins. À la portée de tout un chacun. Et… « Les résultats sont très encourageants : il est avéré que notre corps continue à reconnaître la nature comme son environnement naturel. » Ainsi, baigner dans la nature, au sens propre, aurait un impact bénéfique sur « les maladies liées au stress [qui] sont devenues un problème de société à l’échelle mondiale. »

Après une somme d’expériences qu’il a initiés en 1990 sur l’île de Yakushima, le Pr Miyazaki a évalué les effets physiologiques des bains de forêt ; il a labellisé la sylvothérapie –shinrin yoku en 2003 et identifié, au Japon, 60 chemins adaptés à cette pratique, recommandée par des médecins certifiés. Aujourd’hui, grâce à son travail, « les thérapies centrées sur la nature –écothérapies- sont des approches préventives visant à diminuer le niveau de stress, améliorer la qualité de vie et réduire le poids des maladies liées au stress sur les services de santé. », une médication « non invasive [qui] sollicite une qualité que notre corps possède déjà : sa faculté d’adaptation à la nature. »

Cela ne se résume pas à la forêt : l’idée est plus large est facilement transposable à nos modes de vie et sociétés, puisque « les parcs, les fleurs, les bonsaïs et même de simples morceaux de bois » suffisent aux citadins pour tendre vers « notre état originel et naturel d’êtres humains. »

 

Quelques chiffres éloquents : « En 1800, seulement 3% de la population mondiale vivaient en zone urbaine. Ce chiffre est passé à 14% en 1900 et 54% en 2008. Selon les prévision de la Division de la population des Nations Unies, il atteindra probablement 66% d’ici 2050. » Si d’autres cliniciens, chercheurs ou psychologues de-par le monde ont étudié la question de l’adaptation de l’adaptation de notre corps à l’environnement dans lequel nous évoluons, le Pr Miyazaki en a fait sa priorité : « La théorie du retour à la nature. » et, ses études remontent à l’origine, il y a près de 7 millions d’années. Il a évalué le système nerveux sympathique qui lutte ou fuit, le parasympathique qui permet d’accéder à la digestion et au repos ; il a identifié les maladies liées au stress et les effets d’absence de nature sur le système nerveux avant de mesurer les bienfaits du shinrin yoku et son pouvoir régénérant : immunité, détente, sommeil, tension artérielle régulée, bien-être. Il explique pourquoi et comment la nature agit sur notre rythme biologique et notre confort passif (satisfaction des besoins fondamentaux) ou actif (stimulation des cinq sens).

 

« Dans la tradition japonaise, on remercie les fleurs en s’inclinant » : une pratique que les occidentaux négligent : « En Occident, les gens regardent les fleurs. En Asie, ils vivent avec elles. » Une approche de la vie plus esthétique, visant « l’appréciation de la beauté, imparfaite et impermanente », une recherche spontanée de la poésie partout où elle se trouve. Il suffit de se pencher sur les courants artistiques asiatiques pour y déceler l’apaisement inhérent aux œuvres et à la création. Les Japonais vouent un véritable culte aux arbres : le cèdre, pour la longévité ; le bambou, pour le sacré ; le bonsaï pour la patience ; le cerisier, pour le renouveau. Tout ceci explique sans doute pourquoi « En 2004, 270 millions de yens (2 millions d’euros) ont été octroyés à la recherche en écothérapie par le gouvernement. »

La sylvothérapie, l’écothérapie, les bains de forêt, le shinrin yoku : il s’agit d’une forme de repos inné, au contact des éléments ; « marcher en conscience » en sollicitant tous nos sens et « respirer » pour parvenir à s’émerveiller et « à se détacher de ses problèmes personnels [pour] favorise[r] les liens et la coopération avec les autres. »

 

Donc, les autres, ce n’est pas l’enfer et si l’on suit les exercices et les conseils du Professeur Yoshifumi Miyazaki, il se pourrait bien que l’on se découvre sociable, au cœur d’une existence harmonieuse, là où « Les arbres sont des poèmes que la Terre écrit sur le ciel. » et la formule est de Khalil Gibran. La nature, plus qu'un effet de mode ou un concept, est un enjeu de santé publique qui ne cache pas un enjeu économique. Bon week-end.

 

Shinrin Yoku, les bains de forêt, le secret de santé naturelle des Japonais par le Professeur Yoshifumi Miyazaki. Avril 2018. 192 pages. 18 euros. Éditions Trédaniel

 

Tag(s) : #EVENT, #Actualité, #bien-être, #santé
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