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« Saint-Mathieu, la proue de l’Ancien Monde en Pays d’Iroise » est le treizième livre patrimonial de Louis Caradec, maire honoraire de Plougonvelin-le-Trez-Hir. D’une valeur inestimable. Premièrement il prolonge l’insouciance des vacances en Pays d’Iroise, la découverte de lieux insolites à travers chemins inattendus et autres venelles entres les ajoncs décrits par Tristan Corbière ; des lieux porteurs d’Histoire, de légendes, d’anecdotes que l’auteur présente, jusqu’alors vérités méconnues. C’est cela qui caractérise les ouvrages de cet auteur passionné de Finistère, de ce bout du monde préservé, juste avant l’Atlantique et un autre monde : Louis Caradec déterre toujours ce qu’il reste à distinguer. Un sens à nul autre pareil du « remarquable ». Comme s’il avait une vision fantastique, au sens littéral, dans ce pays de contes et de fables. Après « Le Menhir dans l’Iroise », « Fortunes de Maire », « Plougonvelin, mémoire en images », « Le Pays d’Iroise, mémoire en images », « Le Conquet », « Bertheaume, sentinelle de la rade de Brest », Lann-Bihoué (la base et le bagad), les tracteurs, « Plouarzel », entre autres, on se demandait ce qui lui restait à raconter de ce pays que résume ainsi Jules Michelet : « C’est la limite extrême, la pointe, la proue de l’Ancien Monde. Là, les deux ennemis sont en face : la terre et la mer, l’homme et la nature. Il faut la voir quand elle s’émeut, la furieuse, quelles monstrueuses vagues elle entasse à la pointe Saint-Mathieu, à cinquante, soixante, à quatre-vingts pieds ; l’écume vole jusqu’à l’église, où les mères et les soeurs sont en prières. Et même dans les moments de trêve, quand l’océan se tait, qui a parcouru cette côte funèbre sans dire ou sentir en soi : Tristes usque ad mortem ! »

 

À l’extrême ouest donc. Saint-Mathieu, c’est une église en ruines, divine. Qui abrite encore les âmes de Tanguy et de sa soeur Haude, dont il coupa la tête sur fond de vindicte. C’est une devise, socle d’apprentissage : « Usque ad Finis terrae » (Enseigner et baptiser jusqu’aux extrémités du monde). C’est un lieu de festivals aujourd’hui, à ciel ouvert. Un lieu de pèlerinage qui affiche depuis peu la borne « kilomètre 0 : 1958 km », vers Compostelle. C’est un phare, un cap. Un mémorial national des marins morts pour la France, un sémaphore, un cénotaphe. Une stèle confiée au sculpteur René Quillivic, avec un visage poignant et digne de femme éplorée. C'est un syndicat et des asssociations. C’est un musée des mémoires, bâti dans un bunker intact, le blockhaus de Keromnes, sur un terrain militaire, qui retrace la guerre 39-45 sur ce mur de l’Atlantique, en fragments, pièces inédites et au travers de mises en situation éprouvantes et néanmoins nécessaires. Devoir de transmission. C’est la parfaite jonction entre la Manche et l’Atlantique. C’est un lieu mythique qui intrigua Pythéas le Massaliote, Louis XIII, Richelieu, Louis XIV, Vauban, Hervé de Portzmoguer et Marie-la-Cordelière, la marine nationale, l’amiral Guépratte. Cap Finisterre considéré « comme l’une des extrémités du monde habité, au même titre que le cap Land’s End en Cornouailles britannique, que le cap Finisterre en Galice ou le Cabo da Roca au Portugal ». Son histoire commence avec celle des moines bénédictins. 

 

Que restait-il à savoir ? Louis Caradec ne fait pas traîner le suspense bien longtemps et il évoque « la Seigneurie de Saint-Mathieu, douze paroisses et les îles » : « Au Moyen-Âge, une abbaye n’est pas seulement un lieu de prières et de spiritualité, c’est aussi le siège d’une Seigneurie féodale, comparable à celles tenues par des laïcs. La Seigneurie de Saint-Mathieu s’étendait sur douze paroisses de Bas-Léon, à l’ouest d’une ligne joignant la Motte-Tanguy au château de Trémazan, en Landunvez. Elle engobait les îles : Ouessant et tout l’archipel de Molène. » Une institution médiévale « assurant l’encadrement économique et judiciaire de la quasi-totalité des paroisses de l’actuel Pays d’Iroise » et qui devient, par la suite, un site marchand. Lieu de commerce prospère, qui, dans les actes, emprunte le terme de « ville » ! Autre singularité : la cave des mauristes, "nom des bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, créée à Paris en 1618), datant du XVIIe siècle", "seul témoignage des constructions datant de la réforme mauriste" (réfectoire, cellier, cave à vins, promenoir).

 

Ce livre reprend scrupuleusement la transformation extraordinaire d’un lieu emblématique, historique, de conflits mondiaux, au positionnement « stratégique dans la surveillance maritime », et le souci constant de sa protection et sa valorisation. Un vaste à chantier dont l’auteur, Louis Caradec, qui a largement oeuvré à son aménagement et son rayonnement par-delà les frontières, la rade de Brest, les océans, passe le flambeau.

 

« Saint-Mathieu, la proue de l’Ancien Monde en Pays d’Iroise », Louis Caradec. 179 pages et une sommes de photos et documents d’archives fascinante.

Tag(s) : #Litterature, #livres, #Beaux Livres, #culture, #histoire, #patrimoine, #pays d'Iroise, #Saint-Mathieu
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