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Ce qui singularise Tadao Ando, c’est la simplicité de son architecture, qui s’articule autour de deux structures : les colonnes et les murs, et d’un matériau : le béton lisse. Le reste : ce sont les éléments et la nature, surtout la lumière. Tadao Ando, c’est une success story : boxeur, il abandonne sa carrière, influencé par Le Corbusier et les artistes en révolte, et devient ce designer. Autodidacte, il est aujourd’hui connu de-par le monde. Il voyage, s’inspire, croque avant de revenir au Japon où il s’installe. Il commence par dessiner de petites maisons carrées, construites autour d’un puits de lumière, qui visent à dénoncer l’industrialisation. Il mélange culture européenne et shintoïsme ; il créé un dialogue architectural épuré et organique. Avant-gardiste, ses maisons sont végétalisées, implantées dans le domaine urbain et l’espace collectif. Il s’agit des « guerilla house », imaginées en révolte à la domination américaine et dont les maquettes sont enveloppées de papiers, le journal symbolisant la consommation de masse, l’information à outrance, dévoyée. L’une de ses « guerilla house », construite sur-mesure pour un couple, s’avèrera trop petite lorsque les parents attendront des jumeaux. Après leur déménagement, Tadao Ando y installera son atelier qui demeure son espace de travail aujourd’hui encore. Séparé trop tôt de son jumeau, cette maison lui était probablement destinée.

 

Ce qu’il cherche et propose à travers ses créations singulières, c’est le rapport étroit à la nature et au corps. Ses projets, ascétiques, sont empreints de spiritualité : façades en béton lisse et brut, cubiques et fermés, aménagés autour d’une cour ouverte ouvert qui filtre la lumière. La base de son langage singulier : vertical, zénithal. Il nie le lien à la ville et invite à se recentrer, dans la maison devenue enveloppe organique.  Le temps n’existe plus. Ses maisons sont le prolongement de l’âme, de l’être, des battements du cœur. Ses espaces intersticiels, transversaux, existent au milieu d’espaces partagés favorisant la vie sociale : son architecture monacale est vecteur de vie sociale. Il se revendique passeur de la créature, de la spiritualité, dans ces lieux partagés, conçus comme des expériences fondamentales (lieu, chose, nature). Le vide et le néant coexistent avec ce qui les entoure. À tel point que ses projets et créations sont en fusion avec la nature, intégrés à même les sols éventrés, s’érigeant au centre des différentes couches sédimentaires. Véritables architectures telluriques. Parmi les plus célèbres : la construction de l’île de Naoshima, dans la mer intérieure de Seto. Entièrement dévastée par les mines de cuivre, il l'a revégétalisée pendant 30 ans, créant 2 musées souterrains et impressionnistes, 2 hôtels mystiques composés autour de zones paradisiaques dédiées à tous, en particulier dévolues à l’art contemporain et à l’expression artistique la plus pure et fondamentale, notamment le Art Setouchi.

Deux autres création emblématiques, revitalisées par le vide : l’œuf à l’intérieur de l’Opéra d’Osaka ou la Bourse de Commerce (work in progress).

 

Tadao Ando photographie aussi ses structures. Là encore, son rapport au temps prime. Ce qui doit apparaître sur ses clichés s’explique en deux mots : l’instant et l’attente. La persévérance, pilier de toute construction. Il ne saisit bien une forme, une silhouette, qu’à l’instant où elles s’offrent à l’œil, quitte à patienter de longues heures. Ses photographies relèvent de la même construction intellectuelle et philosophique que ses architectures. Quand il dessine, c’est à la mine de plomb, sans tâche, d’un trait.

 

 

Tadao Ando, c’est une architecture sans fin, cosmogonique, enblématique de Japonismes 2018, sans limite, c’est un défi contre le temps qui passe, un plaidoyer en faveur de la planète et de l’environnement. Il valorise l’histoire, le patrimoine, l’Histoire, la vie. Tadao Ando, c’est la totale harmonie de la nature, de l’art et de l’être humain, grâce à une « architecture invisible ».

Un défi réussi.

 

Tadao Ando, le défi au Centre Pompidou jusqu’au 31 décembre 2018.

Tag(s) : #Actualité, #exposition, #japon, #tadao ando, #urbanisme, #architecture, #design
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