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Victor Hugo, ennemi d’état

 

 

28 juillet 1851, lundi midi 3/4

« Mon Dieu, qu’est-ce que je vais devenir seule, ici, enfermée avec cette affreuse date : 28 juin 1851 ? Comment me défendre pour me sauver de son abominable étreinte qui me donne le vertige ? Quel moyen employer pour me soustraire à l’enivrement du suicide, à la volonté désespérée de la mort ?

Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, que je souffre ! Oh ! je t’en supplie, ne me laisse pas seule ici aujo… » 

 

12 septembre 1851, vendredi après-midi 2h. ½

« O mon Dieu, inspirez-moi la confiance puisque vous ne pouvez pas m’ôter l’amour. Faites que je croie en lui, puisque je ne peux pas cesser de l’aimer. Cachez-moi le passé qui me tue et montrez-moi l’avenir radieux.

Mon Dieu, ayez pitié de lui et de moi, car je sais que son cœur souffre de mon désespoir.

Mon Dieu, donnez-lui le bonheur et rendez-moi la paix de l’âme.

Mon Dieu, faites qu’il ne se lasse pas de mes larmes avant qu’elles ne soient taries.

Mon Dieu, si vous ne pouvez plus me faire heureuse, faites-moi forte, courageuse, résignée et généreuse.

Mon Dieu, mon Dieu, pardonnez-lui et pardonnez-moi, car ce n’est pas sa faite ni la mienne, si nous sommes réduits à cette cruelle extrémité de nous défier l’un de l’autre.

Vous savez, mon Dieu, si je l’aime et si je veux m’imposer à lui.

Vous savez ce que je vous dis à vous seul, ô mon Dieu, avec toutes les tendresses de mon cœur, avec toutes les larmes de mes yeux, avec toutes les adorations de mon âme.

Faites qu’il soit heureux, n’importe avec qui, n’importe comment, pourvu qu’il le soit, et faites de moi ce que vous voudrez.

Éteignez en moi la jalousie hideuse et rallumez son amour si ce miracle est possible. 

 

10h. ½ du soir

Mon bien aimé, mon bien-aimé, sois tranquille, sois heureux, car je t’aime, je te crois, je t’adore, je suis heureuse. Tout est oublié, je ne me souviens plus que de ton amour. Je te bénis. »

 

Juliette

 

***

 

 

Juliette Drouet rencontre « Mon grand petit homme… » : Victor Hugo en 1833, après l’une des représentations de Lucrèce Borgia. Elle arrêtera sa carrière de comédienne, deviendra sa maîtresse, sa muse, sa compagne d’exil. Leur liaison durera cinquante ans ; Juliette finira par obtenir le statut de « seconde épouse » après avoir consacré sa vie, « ne jamais l’abandonner », au poète, dramaturge, tribun engagé même s’il n’avait pas de véritable projet politique, et homme ardent. C’est à travers le regard, les sentiments et la correspondance de Juliette Drouet que France Télévisions a décidé de présenter « Victor Hugo, ennemi d’état ». Une collaboration inédite entre France 2, France 5 et France Culture autour d’un homme épris des femmes, de littérature et de la chose publique, dont on comprend l’engagement en considérant trois dates : 1830, 1848 et 1871. Trois révolutions. Le passage d’une monarchie à la France républicaine. L’itinéraire d’un royaliste qui va embrasser l’idéologie de gauche. Trois dates charnières pour partir à la découverte d’un homme dont on connaît l’œuvre littéraire, les grands discours, les idées progressistes, la défense farouche des libertés et des droits fondamentaux de l’homme, mais dont à ce jour personne n’avait encore osé réaliser un portrait. Celui-ci se veut sincère : Victor Hugo dans l’intimité, dont les étapes personnelles de sa vie apportent un éclairage singulier à son œuvre littéraire et aux causes en faveur desquelles il s’engagera ; un homme qui accompagne l’évolution de son siècle. Nulle hagiographie, pas davantage une biographie lisse ou un biopic approximatif. Simplement le parcours d’un héraut de la république, saisi par le prisme du romanesque et de la sphère familiale : son épouse dont il ne se remettra pas de la trahison lorsqu’elle s’aventurera dans les bras de Sainte Beuve ; son amante, amoureuse indéfectible, celle qui le ramènera toujours vers l’écriture : Juliette Drouet qui, bien qu’éconduite, restera aux côtés de Victor Hugo jusqu’au bout ; Léonie, avec qui il entretiendra une liaison secrète de sept ans à cause de laquelle cette femme militante se verra privée de ses enfants et condamnée pour péché d’adultère ; ses fils, l’un pragmatique et dans l’action, Charles, et l’autre, François-Victor, exalté et romantique ; sa fille Adèle, si absolue, qui ne deviendra jamais la grande pianiste dont elle rêve, se repliant dans la folie. Léopoldine bien sûr, son autre fille, dont la mort marque la césure la plus profonde dans le cœur, l’âme et la pensée de Victor Hugo.

 

Service Public

 

Le partenariat entre France 2, France 5 et France culture s’est avéré évident : France 5, la chaîne de la connaissance et du savoir revient sur « Victor Hugo, ennemi d’état » sous la forme documentaire ; France 2 propose un destin singulier sous forme d’une mini-série d’une extraordinaire puissance ; France Culture complète le dispositif en opérant un parallèle tout aussi impérieux : à quel point Victor Hugo demeure notre contemporain. Victor Hugo incarne les contradictions de la monarchie versus la république, des discours étonnement actuels, des causes qui préfigurent les sujets sociétaux d’aujourd’hui : l’abolition de la misère, l’éducation gratuite pour tous, l’émancipation de la femme, la cause des enfants, la laïcité, les États-Unis d’Europe. L’une des seules causes qu’il ignorera sera le divorce. Tout cela est d’autant plus remarquable que Victor Hugo est un bourgeois. L'on pourrait reprendre cette citation de Mallarmé, pour résumer : L'homme peut être démocrate, l'artiste se dédouble et doit rester aristocrate. Une dialectique antichambre de notre monde, une pensée visionnaire. Celle d’un homme complexe qui reste adulé par les français en dépit de ses choix. Le dispositif propose le point de vue de Victor Hugo et celui de la France, deux classes qui s’opposent et qui se rejoignent. Il met en valeur un patrimoine qui permet la compréhension de notre actualité, par le regard, l’éloquence et la plume d’un homme qui a réussi à voir son époque vaciller et à l’écrire, quand lui-même n’en comprend pas tout à fait les enjeux, et qui présente l’apport incommensurable de Victor Hugo à la langue française. Un dispositif qui propose une révolution esthétique. Paris aujourd’hui demeure le reflet de cette époque : il suffit de lire les noms des stations du métro.

 

Un événement France Télévisions. France 2 : une mini-série et un numéro spécial Victor Hugo de Stupéfiant ! France 5 : un documentaire. En association avec France Culture.

 Lundi 5 et mardi 6 novembre à partir de 21.00 : Victor Hugo, Ennemi d’État, mini-série, 4 x 52 min.

Lundi 5 novembre à 22.55 : Stupéfiant ! Spécial Victor Hugo, magazine culturel. 

Dimanche 4 novembre à 22.35 : Victor Hugo, un siècle en révolutions, documentaire, 52 min.

Tag(s) : #Audiovisuel, #victor hugo, #monarchie, #république, #ennemi d'état, #france 2, #france 5, #France culture
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