Nicolas Gorodetzky, pneumologue, urgentiste, rocker, auteur. Vient de publier un 4ème ouvrage, de fiction : « Crucifixion Road », polar historique. Personnalité aux talents multiples, qui comme moi a eu son portrait dans « Rueil Infos », le magazine de la ville de Rueil-Malmaison. Intriguant...
Nicolas Gorodetzky : d’abord médecin, ou écrivain ? D’après la réponse, la bonne question aurait davantage été : d’abord médecin, ou musicien ? Passionné par la musique depuis l’enfance, il est séduit par les fanfares et le classique avant de bifurquer vers la pop, « une musique plus imaginative ». Il créé son premier groupe pop-rock à l’âge de 16 ans, puis, auteur-compositeur, guitariste (acoustique) et bientôt multi-instrumentiste, il se produit avec d’autres formations musicales. Le 28 septembre, il sera sur scène pour un nouveau concert rock !
Le groupe qui le consacre, vous le connaissez, même s’il a trouvé son public dans les pays francophones. Week-end Millionnaire. Génération Golf Drouot. Warner music. 5 albums, 3 vinyles 33 tours, 2 singles, 1 compil’ il y a 3 ans. Il n’écrit ni ne chante en français, une langue trop « cérébrale » pour la musique, l’anglais limite moins, permet de créer « au feeling », au rythme de l’intuition. Ce sont d’ailleurs les groupes reconnus pour leurs harmonies vocales, leurs lignes mélodiques qui l’ont influencé. Qui font partie de sa mythologie, plus exactement. Le groupe californien The Eagles, en particulier. C’est sûr : qui n’a pas flirté au son de l’hypnotique « Hôtel California »… S’il est sensible aux Beatles, aux Who, aux Stones, il est encore plus aimanté par d’autres, parfois plus confidentiels, parfois hard rock. The Zombies, Crosby Stills Nash & Young et surtout Creedence Clearwater Revival. Aux sources du rock, dans les 60’.
D’abord musicien : et la médecine alors ? Il avoue que la musique ne le faisait pas vivre, contrairement à la médecine. C’est paradoxalement la médecine qui lui permettra de trouver sa place dans la sphère pop-rock internationale. Études de la médecine d'urgence, de réanimation, du sommeil, spécialisé en pneumologie (et pas que : 7 diplômes)… et rocker, il se retrouve à sécuriser les concerts mythiques des 80’. Il créé un dispositif vite éprouvé et reconnu, au point de développer une société de management médical. Il établit les recommandations en matière d’organisation médicale des événements d’envergure, essentiellement musicaux, toujours appliquées et faisant référence. Ce qui l’a marqué ? Le match de foot PSG / Galatasaray (la vague des hooligans), les concerts de Bruce Springsteen (l’humanité), des Pink Floyd (le spectacle), de Michaël Jackson (la folie).
Et l’écriture dans tout ça ? Eh bien, c’est la médecine qui l’y conduit aussi. Lors de ses années SAMU, il retrouve un carnet écrit par sa mère (décédée lorsqu’il avait 12 ans). Au même moment, il est hospitalisé et ouvre ce carnet, qu’il retranscrit. Le récit d’évasion de sa mère lors du bombardement de Dresde, en 1945. Un éditeur est convaincu et publie « Le Chemin Muet ». Plus tard, un collège médiéval où il est pensionnaire, résonne en lui au point de devenir le théâtre d’une fiction : « Madarinia, le culte du frelon ».
Il revient au récit avec « Dr Rock » (appellation Rock & Folk), un récit dans lequel il dévoile les chroniques... de sa guitare : Maya. Aujourd’hui ce nouveau roman : « Crucifixion Road » sur les débuts du jazz aux États-Unis. Ce qu’il en retient, lui, l’auteur que ses personnages possèdent (et non l'inverse), c’est la trajectoire de l’inventeur du blues (qui n’est pas le héros) dont il raconte les débuts fictifs et vraisemblables. Un guitariste à la vie opaque et à la mort qui ne l’est pas moins, empreinte de sorcellerie. Le manuscrit était achevé et cependant, Nicolas Gozodetzky n’était pas satisfait. Il lui manquait quelque chose, qui ne le rendait pas publiable. Quoi ? Il l’ignorait. Tourmenté, il décide de partir là-bas, chez l’habitant. En tee-shirt, sur une impulsion. Parvenu en Louisiane, par grand froid, hors saison et sous la brume, il a su. Il avait trouvé : l’atmosphère. Les odeurs, les couleurs, les saveurs. Ce « feeling » qui n’a jamais cessé de le guider.
Crucifixion Road
J’ai lu pour vous* ce roman que j’ai beaucoup apprécié. Il reprend les ingrédients d’un bon roman policier : des sentiments, du suspense, un cadre historique. Peu d’entre nous savent que, en 1918, les commandos les plus craints par les Allemands sont composés de militaires américains noirs. Beaucoup d’entre eux ne connaissent rien d’autre que la vie d’un peuple qui, certes, n’est plus en esclavage, mais qui subit néanmoins une effroyable ségrégation. À leur retour, ils retrouvent la violence de leur condition.
Avec pour toile de fond le Mississippi, et ses terribles tornades, on redécouvre le Ku Klux Klan qui sévit au vu et au su de tous. La vie du peuple noir dans cette partie de l’Amérique y est décrite sans fard. Ce livre est également un coup de projecteur sur l’arrivée du jazz et ce que cette musique amènera, d’espoir et d’émancipation. Au-delà, c’est bien connu, la musique rapproche les peuples…
Proposé avec une écriture très agréable, Nicolas Gorodetzky nous offre là un bon moment de dépaysement au cœur de l’Amérique des années 20.
Lu pour vous par Maryanne Hervéou -Plougonvelin, région Bretagne, France.
"Crucifixion Road" de Nicolas Gorodetzky, polar aux éditions Yanat. 228 pages, 20 euros.
Concert le 28 septembre : au Victoria Station, Méré (Yvelines, 78), 20h30 (réservations au 09.62.01.28.74)