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Un Monde Ailleurs, un film d'Étienne Faure

Un monde ailleurs

Un film d'Étienne Faure

Drame, thriller, 90 minutes

 

Quatre amis réunis autour du cinquième de la bande, Tom (Paul Bartel), en train de perdre la vue, et c’est irréversible. A priori. Personne ne s’y résout et William (Ernst Umhauer) a l’idée de tenter le tout pour le tout, en Amérique du Sud. Ils acceptent tous, sans réserve : Tom bien sûr et son fidèle chien, mais aussi Charlie (Alain-Fabien Delon), Pierre (Pierre Prieur) et John (Émile Berling). Ils effectuent ce voyage périlleux en espérant que Tom recouvrera la vue. Ils se rendent dans la jungle pour cela, au prix de tous les dangers, pour rencontrer ce chamane qui semble être le guérisseur providentiel.

Si je suis tout à fait sincère, lorsque l’attachée de presse, dont j’accompagne l’actualité musicale, a envoyé le dossier de presse, et alors que je ne chronique plus le cinéma depuis quelques années, je lui ai néanmoins demandé le lien de visionnage. L’affiche, gore, et ce nom au générique : Alain-Fabien Delon, m’intriguaient. Oui, je l’avoue. À quoi cela tient.

Quel choc.

Pour une raison que je ne saurais exprimer, comme s’il m’avait suffi d’écouter mon instinct, mon intuition, enfin quelque chose d’impérieux en mon for intérieur, moi pourtant si curieuse, je n’ai pas cherché à savoir de quel fait divers il s’agissait, à l’origine de l’intrigue. Après avoir vu le film cependant, j’ai voulu en savoir davantage. Or, ni le dossier de presse, ni les acteurs, ni Étienne Faure, scénariste, réalisateur et producteur, n’en faisaient jamais mention. C’est évidemment, ce qui créé l’extraordinaire puissance de ce long-métrage époustouflant et inattendu : on ne s’attend pas à cette vérité-là, pas une seule seconde. Jusqu’au dernier moment, on ne se doute pas de la révélation, et c’est un véritable coup de poing dans l’estomac. Même quand on croit que tout a été dit, le pire reste à apprendre, l’intention la plus insoupçonnable, un dénouement effroyable dont le suspense est maintenu jusqu’à la 89ème minute.

Ce club des cinq attachant, avec leur chien pataud, insouciant et simplement aventureux nous embarque immédiatement. On devient personnage à part entière. Alain-Fabien Delon, je l’ai oublié assez vite, au profit de son personnage, Charlie. Cinq acteurs qui s’effacent pareillement. Il y a Paul, bientôt aveugle, démuni, chétif et innocent, perdu sans son chien ; William, qui a coordonné ce voyage, étrange et glaçant dendrophile ; John, à la personnalité ambiguë, à la fois fuyant et intrépide ; Pierre, le décideur, si soucieux de son ami Tom, plus que son ami, son prolongement, une autre part de lui-même, une amitié équivoque habilement interprétée ; et Charlie, indolent, nonchalant et dégingandé, le plus flamboyant et irresponsable, mais aussi le plus téméraire. Celui par lequel les premiers épisodes de discorde au sein de ce groupe pourtant si soudé, surviennent, dans cette jungle hostile.

Face à l’endroit où ils ont installé leur bivouac de fortune, un soir, ils découvrent un autre campement bien plus fastueux et lumineux que le leur, festif, investi par de jeunes et jolies jeunes femmes, désinhibées et offertes. Charlie décide de mettre tout en œuvre pour les atteindre, et s’amuser un peu. Mais le campement des jeunes femmes se révèle bientôt suspect. Un 4x4 y apparaît, menaçant, des hommes en sortent, matraques en main. Bruits étouffés, vision opaque. Que se passe-t-il donc, de l’autre côté de cette rivière infranchissable, où ruminent les crocodiles. Bientôt ce sont moins les jeunes femmes qui intéressent Charlie et ses amis, que ces allées et venues douteuses. S’imaginent-ils dans un thriller ?

Ils veulent en avoir le cœur net. William, John et Charlie se préparent, prêts à en découvre, résolus à affronter cette nature tropicale inamicale, en opération commando, à leurs risques et périls. Avant leur départ, Charlie, dans un moment d’égarement, laisse le chien s’échapper. Premier drame. Le groupe commence à se distendre. Pour Tom, cet épisode tragique, qui nous émeut, sonne comme le glas. Mais ce n’est rien, à côté de ce qui attend les jeunes hommes.

William, John, Charlie ne reviennent pas. Que s’est-il passé ? Il faut agir. Les retrouver. Pour Tom et Pierre, le compte à rebours commence. La tension ne cesse de croitre, et le visionnage du film devient véritablement anxiogène.

 

Un film que j'ai trouvé remarquable, au sens littéral, porté par un casting impeccable. La jungle est un huis clos insupportable, qui laisse exsangue. La voix-off et les dialogues, disent sans rien dire, ne trahissent rien. Ce dispositif laconique et elliptique rajoute du trouble à l’anxiété. Le regard de Tom, flou, de plus en plus flou, ne fait qu’amplifier l’angoisse, la tension et l’empathie. Quant au fait divers en question, il remonte à quelques années déjà, aux Philippines, explique Étienne Faure et pourtant, il demeure d’actualité dans d’autres pays que le nôtre. Ça fait froid dans le dos. Puisse ce film obtenir une résonance politique, internationale.

Tag(s) : #cinéma, #long-métrage, #thriller, #drame, #Étienne Faure, #Un Monde Ailleurs
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