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Renée Vivien. Treize poèmes. Pauline Paris.

Célébrer le désir au printemps des poètes ?

 

Pauline Paris nous offre sa partition, d’exception. Treize poèmes mis en musique, chantés et dessinés. Un merveilleux et généreux recueil, empli de volupté printanière. Treize poèmes saphiques de Renée Vivien, une poétesse du XXè siècle si évidemment lyrique et allégorique, dans la plus pure tradition du poème mis en musique, que travailler à la publication de ce recueil s’est révélé une évidence. Pourtant, lorsque Hélène Hazera émet l’idée : « Il faut absolument mettre en chanson les poèmes de Renée Vivien ! » à Pauline Paris, celle-ci ne nie pas son inculture : « Qui ça ? »

C’était il y a quatre ans, presque jour pour jour.

À quoi ça tient, un projet artistique.

Au désir.

Au printemps.

À la poésie.

Aux femmes.

 

La curieuse Pauline découvre, guitare en main « La Muse aux Violettes », « La Lassitude », « L’Éternelle tentatrice », « The Fjord Undine », « Avril », « La Pleureuse ». Aussitôt inspirée, elle compose accords et mélodies, et se met à fredonner. Le résultat est stupéfiant, qui ne laisse aucun doute quant à cette rencontre prédestinée : l’on attribuerait presque à Renée Vivien l’entière création artistique. Pauline Paris, au chant et aux chœurs, mais aussi ingénieuse multi-instrumentiste, comme l’était déjà son influenceuse : guitares, ukulele, banjitar, glockenspiel, piano, accordéon, batterie, percussions, scie musicale, boucles, sifflements. Un résultat rock et harmonieux, célébrant deux vocations qui se mêlent, autour d'un même prénom : Pauline. Pauline Tarn, avant de devenir Renée Vivien et Pauline Paris pour l'enchanter. Une faconde à la fois délicieusement surannée et farouchement visionnaire, art déco et punk. Révolutionnaire.

Et si les poètes étaient (enfin) de retour ?

 

Vivien s’inscrit dans la lignée de Sappho de Lesbos et autres Bilitis, ardente amante, diaphane androgyne, amazone enchanteresse. Contemporaine de Colette et Nathalie Barney. Mais la sylphide galante écrit en noir, tourmentée et décadente. Pauline Paris, l’une de celles-là : « Vous, pour qui j’écrivis », restitue aujourd’hui, lectrice rêvée d’un futur convoqué par Renée Vivien un siècle auparavant, le souffre, l’ardeur et le panache d’une flamme poétique parfumée et languide, assurément musicale, élégiaque, audacieuse et romantique, pour traduire l’intime.

 

La chanteuse met sa voix monoïque au service de ces vers érotiques, et aux chansons, adjoint des dessins à l’encre noire d’Élisa Frantz, légèrement évocateurs. Chaque art trouve sa juste place, dans une œuvre évanescente et bacchanale : livre de poésies, dessiné, avec CD, et une présentation, qui raconte la genèse, comme une discussion entre amies. Renée Vivien savait-elle quelles sortes de galantes muses pourraient la faire renaître de ses cendres, à quelques jours de Pâques, au travers de « slows funèbres, ballades folk ou de bossa langoureuse (…) -servie par des espiègleries d’orchestration et le naturel d’ [une] voix », capables de rompre l’effroi d’un confinement historique qui, au lieu d’annihiler tout désir, vient le titiller. En plein désespoir, c’est l’éveil vénéneux et opulent que ce livre-disque fait éclore, sous un soleil frémissant. Un album poétique autant que prosaïque, Coup de cœur de l’Académie Charles Cros.

 

On a trop entendu qu’il fallait se méfier du chant des Sirènes. Si, au contraire, il suffisait de les écouter, les sirènes, quand elles éveillent en nous ce chant de pureté et de vérité, ce désir qui fait barrage aux supplices que nous inflige l’actualité.

Pauline Paris est l’auteur de cinq autres albums. « Treize poèmes » fera l’objet d’un spectacle disponible à partir de l’été 2021.

 

« Renée Vivien. Treize poèmes. » Mis en musique et chantés par Pauline Paris. Dessins d’Élisa Frantz. Introduction d’Hélène Hazera. Présentation de Nicole G. Albert. Livre-disque, CD 13 titres inclus. Collection Chansons. Éditions Quart de Lune et ErosOnyx. Également disponible en streaming.

Tag(s) : #Actualité, #livre-disque, #CD, #musique, #poésie, #Renée Vivien, #Treize poèmes, #Pauline Paris
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