PTDR, https://isabelle-kevorkian.over-blog.com/Julie Mamou-Mani
Pour une Thérapie Du Rire, #SansFiltre éditions Jouvence (256 p., 16,90€)
Rajeunir, se réjouir, rire, je crois que c’est ce qu’il nous faut, et rien d’autre, cet été, déconfinés, un état dont on ignore s’il va perdurer. En attendant la réponse, il s’agit de profiter et de s’amuser pour mieux oublier, de vivre résolument au présent. Pourtant, le confinement a été vertueux, pour qui veut considérer le verre à moitié plein. Il a permis une accélération de la transition numérique (clic & collect), écolo aussi, en favorisant la consommation de proximité, une autre approche du travail, et du sens de la vie. Ce fut le cas pour Julie Mamou-Mani, journaliste passée en quelques mois de l’ombre à la lumière, en postant sur les réseaux sociaux des mèmes.
#WTF. Des mèmes ?
« Un même, c’est pareil qu’un dessin humoristique mais avec des photos et des textes » et davantage : GIF, hastag, vidéo… Comme Julie l’explique, un mème, c’est une respiration, une virgule qui apporte un brin de légèreté, « un sourire et des rires ». Un même c’est une pastille humoristique qui fédère et relie, de-par le monde. Ça n’a l’air de rien comme ça, pourtant c’est salutaire. Thérapeutique, même. Julie s’en @mamouz beaucoup et elle nous convainc. Elle est même devenue « dealeuse de bonheur », un deal qui coûte que dalle : des bribes fugaces et ensoleillés, autant de gagné sur le confinement, les soucis, le virus, le vaccin, les exams, l’éloignement, les fermetures, le temps qui passe.
Julie Mamou-Mani était prédestinée. Il a suffi d’un confinement pour que son potentiel frais se révèle, pour notre plus grand bonheur. L’humour, c’est un état d’esprit, un truc génétique, un territoire familial, ancestral. Si elle avait réalisé un test ADN, sûr qu’elle aurait eu à 100% (au moins) des origines du continent de l’humour. Née en humoristie comme d’autres en absurdie. Une mère hippie, qui « aujourd’hui encore, cinquante ans après Mai 68 ou Woodstock (…), regarde le monde à travers ses lunettes roses » ; un père qui a fait voyager sa famille « dans un temple hopi de Santa Fe, au Nouveau-Mexique, à Hawaï, dans une communauté végétarienne, aux Caraïbes chez des partisans de la libre éducation… » ; un nom (Mamou-Mani) « qui est si drôle qu’un scénariste en a fait le nom de son personnage principal : Michel Blanc, dans le film 'Docteur' réalisé en 2019 par Tristan Séguéla » et un humour qu’elle cultive depuis l’enfance, comme « un gentil diable prêt à sortir de sa boîte à la moindre occasion. » Parmi ses influenceurs : Woody Allen ou DJ Fattony selon lequel « Les mèmes sont nos sauveurs face aux horreurs de la vie », Thierry Ardisson « qui a toujours refusé la psychanalyse, de peur d’y perdre sa complexité et toutes ses lubies », ou Charlie Chaplin, Pierre Desproges, Gad Elmaleh, Ibrahim Maalouf. C’est ouf, elle brasse large, sans frontière, sans effort. Normal, on a tous besoin de rigoler ; de transcender notre quotidien et une réalité parfois étouffante.
Et si vous aussi vous deveniez adepte de #teamrigolotherapie ? C’est ce que ce livre, d’orange sur tranche, propose. Découpé en 9 chapitres thématiques : angoisses, famille-travail-enfants-routine, beauté et complexes, santé, amour, chats, engagement, confinements, smiling-thérapie. Chacun se conclue par une interview rigolote et néanmoins profonde. Au choix : Bernard Werber, Dr Brigitte Milhau, Sophie Trem, Caroline de Maigret, Delphine Horvilleur, Adele Van Reeth, Gregory Pouy.
C’est sincère, et source d'ouverture, d'angles différents. Julie @mamouz dit vrai et forcément, ça touche et ça résonne en nous. Elle dit son intime en mèmes, et le nôtre se dévoile. Elle écrit universel. Les mèmes se répondent du tac au tac comme autant d’étoiles filantes réconfortantes. Aux mèmes, Julie rajoute des jeux, des extraits d’études (lorsqu’elle évoque ces entreprises du CAC40 recrutant des rigologues), des initiatives (les archives de l’amour).
Julie n’est pas que drôle. Elle a, comme vous et moi, vécu son lot de drames (un mari victime d’un AVC, par exemple). Qu’importe : elle positive tout, elle « sublime son stress ». Faut dire, elle a de qui tenir, ses parents « rigolent à chaque fois que nous leur rappelons leurs faits d’armes. Voire ils se moquent de moi et de mon ‘traumatisme’. »
Julie est aussi une femme engagée et spirituelle : elle médite et pratique le yoga ; elle milite. Notamment pour la Maison des femmes. Elle est l’une des 109 Marianne honorées lors du 8 mars 2021 pour célébrer et défendre les droits des femmes.
Le mieux, c’est encore que je vous livre quelques exemples, de ses clins d’œil et de son énergie pétillante ; quelques verbatims aussi, de ses interviewés. Comme ça, en vrac, au gré de ma lecture. Je vous laisse picorer.
« Je me suis tellement lavé les mains que j’ai retrouvé mes antisèches du collège »
« Nous avons tous compris que nous passions d’une société du bien à une société du lien. »
« Acheter des blue-jeans troués plus chers que des blues-jeans non troués. »
« J’me sens d’humeur Caroline Ingalls. C’est une humeur où, peu importe ce qui se passe dans le monde, t’en as rien à foutre, tu fais des tartes aux pommes. »
« Mon plus grand fantasme serait de me réveiller et d’avoir assez dormi. »
« Je suis soltigué. C’est comme fatigué, mais un ton au-dessus. »
« J’ai trouvé ma candidate idéale pour nous éclairer sur la dimension profondément philosophique de l’humour. »
« On se moque des clichés et de nous-mêmes. »
« L’humour est un support puissant de théologie. (…) l’humour joue beaucoup sur le malentendu, ou sur une autre compréhension du texte. L’humour et l’interprétation se tiennent toujours la main. »
L’humour ? un brûleur de calories et « un outil de résistance incomparable. »
L’humour est viral, souvent félin pour l’autre : « Le huitième jour, Dieu regarda le monde et trouva cela trop bien rangé. Il inventa le chat. »
Plus que souvent féminin : « Ne vous moquez jamais des choix de votre femme. Vous en êtes un. »
En vrai, « L’humour, c’est l’élégance absolue. »