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Les chemins de ma vie

Souvenirs de la Légion arménienne

Kaspar Menak

Traduit de l’arménien occidental par Chant Marjanian

Préface de Gérard Dédéyan

Kaspar Menak
Les chemins de ma vie

Les chemins empruntés sont ceux qui constituent la vie d’un arménien de Tchenkouch, lequel se remémore la Légion arménienne. Ni récit ; ni autobiographie ou biographie ; ni chroniques ; ni mémoires, confessions ou aveux, ni journal. Un peu tout cela à la fois. Œuvre composite mêlant souvenirs, témoignages, poésies, photographies personnelles et documents historiques, allocutions. On y croise autant d’anonymes que de politiques, diplomates, poètes. Tous ont en commun un sens aigu de l’honneur et du devoir, de la famille, de la camaraderie, de l’humanité.

Si à l’origine, ce livre a vocation à se transmettre en famille, écrit en arménien, sa récente traduction en français en fait un document à partager auprès du grand public : une trajectoire exemplaire qui commence en Arménie sous les meilleurs auspices. « Je suis membre de la grande et prospère famille Kehya Khatchoyan de Tchenkouch ; nous étions si nombreux que nous disposions de notre propre rue. »

Avant l’exil aux États-Unis, avant l’engagement dans la Légion arménienne (ex Légion d’Orient), avant l’apaisement au Liban où il devient bienfaiteur au service de la reconstruction de Techkouch. Si la plume peut parfois sembler hagiographique ou vindicative, en vérité elle est simplement factuelle, la plus honnête et humble possible, la plus engagée aussi. Celle d’un homme ouvert et disponible, toujours prêt à défendre l’Arménie, sa patrie, et le souvenir des siens. Celle d’un homme aussi habile qu’agile, de corps et d’esprit, qui suit son instinct et son intuition, et saisit les opportunités, au gré des rencontres qui jalonnent ses chemins, aussi inattendus qu’improbables. Des rencontres qui se fondent sur des promesses réciproques, tenues quelles que soient les circonstances, même des années après.

Les provoque-t-il, ces chemins-là afin que le sensationnel supplante systématiquement injustices et vilenies ? C’est ce que je me suis dit en le lisant, tant les étapes se succèdent avec fluidité : de tout, il sort victorieux parce que c’est son choix. Il tient avec ferveur et conscience les rênes d’un destin qui parfois, rappelle celui de Forrest Gump. On croise le philanthrope Boghos Nubar ; les valeureux combattants du Musa Dagh, le Lieutenant-Colonel Romieu, le vice-amiral dissident Louis Dartige du Fournet et son adjoint le contre-amiral Gabriel Darrius en Cilicie qui -sans attendre les ordres de l’état-major, mettent tout en œuvre pour sauver plus de 4.000 Arméniens du Mont Moïse à Port Saïd ; le poète Melkon Telloyan ; le scientifique Hratch Hovsepian concepteur des ordinateurs Nairi ; des compagnons de la Légion et son frère d’armes Khoren Krikorian ; les révolutionnaires Manoug Pousoulian et Mihran Damadian.

Comme tant d’autres, cet Arménien-là préfère écrire en positif ; il traduit l’élan et l’allégresse, il se réjouit au lieu de ressasser le sang versé et la cruauté. « Quand l’homme se retrouve face à un phénomène qui transcende son imaginaire, il fusionne avec l’immatériel. »

Comme peu d’autres, cet Arménien-là exprime émotions, sentiments et ressentis : sans doute la clé pour ne pas s’enfoncer dans le ressentiment et quand il en est saisi, c’est par la poésie qu’il y répond : « La vengeance de Tchenkouch : Le ciel de Tchenkouch est couvert d’un soleil noir / la foule s’est réfugiée dans la montagne et la vallée, les femmes et les jeunes filles hululent jusqu’au soir, et le prêtre Arsen leur confère un courage armé… ».

À la fin, c’est une famille exponentielle qu’il construit, sans doute sa plus honorifique victoire lui qui, en 1915, perdait ses parents et l’intégralité de sa fratrie lors du génocide de son peuple.

 

Éditions maisonneuve&larose ; Hémisphères, 20 €, 220 pages et plusieurs carnets photos tout au long du recueil

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