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The Apprentice, drame, histoire, de Ali Abbasi (2h)

Ali Abbasi
The Apprentice

Attaquer. Dénier. Crier victoire.

Les trois règles d’or d’un mentor, Roy Cohn sans vergogne ni scrupule, à son apprenti, Donald Trump. Donnie pour ses parents qui persistent à le considérer comme un enfant qu’on n’écoute pas, si peu crédible : une mère à forte personnalité et tout acquise au père dominant, mordant et humiliant. Chacun des enfants de ce couple de fervents patriotes, a sa manière de réagir à cette dureté d’une autre époque dont l’un, Fred, l’aîné, jusqu’au suicide après une vie d’errance et de turpitudes. Cet aîné autrefois vénéré par Donnie qui, une fois parvenu à Donald, n’hésite pas à renier son frangin, trop occupé à ciseler un esprit vindicatif et modeler un sens des affaires au rang d’Art. Il devient le pape du #businessart comme Andy Warhol celui du #popart. Toujours une longueur d’avance, tueur -versus looser, le mec qui trace et qui piétine, du côté de ceux qui gagnent. Croit-il, comme le lui fait remarquer Ivana, avant de lui succomber.

La première moitié du film est consacrée à Donnie l’apprenti. Si l’illégalité des pratiques et les mœurs débridées de son guide, avocat, homosexuel, le rebutent, il comprend néanmoins que tout est permis pour parvenir à ses fins et que l’Amérique est son seul client. On serait presque tenté de lui accorder un vote, de créer un Oscar à la gloire de cette trajectoire initiatique fulgurante.

La seconde partie révèle le grandiloquent et narcissique Donald Trump, vampire auquel on regrette d’avoir porté de l’intérêt : déloyal, traître, manipulateur, capitaliste exagéré, menteur invétéré, infidèle et grossier, machiste et individualiste. Il ne boit pas, ne fume pas, ne se drogue pas ; il n’est pas addict aux choses du sexe le plus expérimental, ni décadent. Il n’en est pas moins pervers et abject, sans une once d’humanité.

Ali Abbasi
The Apprentice

Le film, moins incandescent a priori (malgré une affiche flamboyante baroque), montre un « Déclin de l’empire américain » qui rappelle celui de Denys Arcan et une démesure à la Scorcese (Le loup de Wall street), comparable à celle de Damien Chazelle (Babylon) ou de Francis Ford Coppola (Megalopolis). C’est bruyant, explosif, amoral et immoral.

De ce film, ce que je retiens, c’est la performance d’acteur inouïe de Sebastian Stan qui a capté avec intelligence et subtilité le langage corporel non verbal et les mimiques du visage de Donald Trump, mi-enfant apprenti, mi-démon politicien qui semble avoir pour toujours conservé sa tétine en bouche. Il interprète un Trump de fiction dangereusement hypnotique, autant que celui de la vraie vie trompe sa famille, son peuple et le monde entier. Mystifier est son identité. Mais aussi celle, non moins remarquable, de Jeremy Strong, qui incarne un Roy Cohn méprisable, artisan de la condamnation à mort des époux Rosenberg, pour espionnage. On pense avec amertume à Sydney Lumet : « Daniel ».

The Apprentice, c’est Donald versus Daniel.

Tag(s) : #drame, #histoire, #theapprentice, #aliabbasi, #donaldtrump
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