Maria, drame, biopic, de Pablo Larrain (2h03)
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Voilà un film somptueux qui béatifie, rien de moins, une femme, une actrice, une diva: Maria.
Pour qu'il y ait béatification, un délai de 5 ans est requis après la mort. Maria Callas remplit cette première condition visant à prouver que sa gloire était plus que passagère : éternelle.
Ensuite, les témoignages recueillis doivent pouvoir être favorables et contredits. Or, historiens, musiciens, journalistes, peuples grec-italien-américain-français, chefs d'orchestres et cinéastes éprouvent des sentiments contradictoires face à la vie de La Callas et face à son art (et au film de Pablo Larrain) mais tous, au final, se rejoignent sur ses vertus. Elle a vécu en martyr pour satisfaire des hommes qui tous, ont abusé d'elle, et pour obtenir la reconnaissance d'une mère qui ne l'a jamais aimée et lui a toujours préféré sa soeur. On parle d'héroïcité des vertus: qui d'autre que Maria Callas pourrait y prétendre ?
Enfin, il doit être question de miracle. Ce film ne fait que ça: rappeler la voix miraculeuse de l'artiste qui l'entraîne, après un destin miraculeux, jusqu'à une mort miraculeuse, s'étant réappropriée sa voix une dernière fois. Je crois même que l'on pourrait parler de canonisation, dans la foulée.
Les décors sont dignes d'une noble tragédie antique. La musique d'opéra emplit le film d'élans dramaturgiques et orgasmiques. La voix d'Angelina Jolie se prolonge dans celle de Maria Callas, c'est bluffant. L'esthétique de la mise en scène magnifie Jolie en Callas, qui se confondent avec une grâce hallucinée. Soulignons l'élégante et éblouissante incarnation que propose Angelina Jolie.
Il émane du film cette beauté incendiaire et ténébreuse, grecque, un film dont on écrit qu'il est crépusculaire, sépulcral comme le furent les derniers jours de la star, étouffée derrière les lourdes tentures de son appartement de l'avenue Georges Mandel, il en émane surtout une reconnaissance triomphale de la diva en majesté.
Ce film qui frôle la perfection m'a émue et transcendée : la narration originale, l'esthétisme proche du studio Harcourt et le casting luxueux: le discret et imposant Pierfrancesco Favino, la douce Alba Rohrwacher, Haluk Bilginer campe Aristote Onassis sans complaisance, Kodi Smit-PcPhee en journaliste témoin des mirages d'une fin d'existence, et Vincent Macaigne, plus remarquable dans ce film qui l'impose davantage.
Ardente Maria, à voir, à revoir, sans hésiter.