A Real pain, comédie dramatique de Jesse Eisenberg (1h29)
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L’histoire de deux cousins hypersensibles qui expriment une même réelle douleur de manière extravertie pour Benji (Kieran Culkin) et introvertie pour David (Jesse Eisenberg). Benji, célibataire sans emploi, carbure à la weed, se pointe à l’aéroport deux heures avant pour observer, rote à table, pleure ouvertement, met en scène des photographies ludiques au pied de monuments historiques et patrimoniaux, remet en question la méthode de leur guide et propose des solutions pour la réinventer, se met à jouer du piano dans un restaurant à la place du pianiste absenté, abuse de la franchise sans pour autant, une fois passé l’effet de surprise, choquer. S'il dérange, c'est pour mieux susciter la réflexion (et se faire remarquer). David, époux et jeune père, qui vend des espaces publicitaires pour le net, est quant à lui taciturne, poli, rangé, sur la réserve, courtois. À l’occasion, il ne refuse pas un ou deux joints. L’effet produit réveille le souvenir de folles soirées désinhibées qui mettaient autrefois les cousins sur un même pied d’égalité. Autrefois, au temps où leur grand-mère était encore vivante.
Aujourd’hui réunis, ils entament ce voyage en Pologne, sur les traces de leur grand-mère juive, qui a survécu aux camps de concentration. Ils ont choisi un voyage de groupe qui les invite à découvrir Lublin, qui les conduit jusqu’à Majdanek, le camp d’extermination supervisé jadis par Himmler, et vers la maison dans laquelle habitait leur aïeule à Krasnystaw. Ils se plient à des rituels mémoriels, se désolidarisent et se rapprochent, laissant leurs failles se libérer peu à peu. Ils se découvrent et se redécouvrent.
Lorsqu’ils confrontent leur judéité aux fours crématoires, aux hautes cheminées et aux baraquements remplis de chaussures sauvegardées entassées, l’émotion se resserre, dévoilant leur personnalité sans artifice. Le propos du film est ciselé, entre rires et larmes. Le film se visionne comme un lit une chronique, le temps que les liens d’une intimité évanouie se retissent, le temps de faire la paix avec un passé taiseux et douloureux.
Le temps d’un feu de paille ?