CONCOURS DE LA POSTE
« Rencontres en toutes lettres » : Une cérémonie de remise de prix festive !
Tout le monde était au rendez-vous vendredi 29 avril à la médiathèque Noailles de Cannes : le député Maire de Cannes, Bernard Brochant qui « entre un iPad ou un stylo-plume privilégiera toujours l’émotion que suscite l’acte d’écrire, ne serait-ce que pour réhabiliter le temps ! » ; La Poste, les partenaires, les lauréats et leur famille et beaucoup d’anonymes, amoureux de l’écrit épistolaire. Parmi les lauréats, certains n’avaient pas hésité à traverser la France, venus du Nord, de l’Eure, de Paris, du Languedoc ! Pour l’un d’eux ce concours a même été l’occasion d’une rencontre inattendue avec les airs puisqu’il a réalisé son baptême de l’air ! Deux prix spéciaux ont été remis : le prix spécial « voyage » dans la catégorie postier à Simone Gibert, agent de production à Lunel (34) : sa missive au « pirate de son cœur » était riche en évasion, et le prix « espoir Culture Papier » à Samya Taleb, pour la qualité et l’originalité du papier choisi. Les lauréats ont reçu des abonnements aux magazines Service Littéraire et Plume, des beaux livres offerts par le musée des lettres et des manuscrits, des séjours et ... la publication de leur lettre. Service Littéraire, partenaire du concours, qui présidait la catégorie postiers, propose de publier la lettre du premier lauréat dans cette catégorie : Marc Elgui, du centre courrier de Nice. A elle seule, cette lettre symbolise l’essence de l’édition 2011 de « Rencontres en toutes lettres ».
_____________________________________
Rencontre en Toutes Lettres,
J’avais décidé de me laisser faire, elle avait une voix si douce, on venait de faire connaissance, ou plutôt, c’était elle qui était venue à moi, je ne suis plus trop sûr, mais j’ai encore la douceur de sa main qui caresse la mienne, imprégnée en moi comme si c’était hier.
Je n’avais rien fait pour, je le jure – je suis timide, complexé et les filles ne me regardent pas, ce qui n’arrange rien, mais elle m’avait demandé mon prénom, et puis l’âge que j’avais, et puis on a joué, c’est très flou dans ma tête. Quand elle a commencé : « Monsieur, Monsieur Marc, le A, dîtes-moi un mot qui commence par A… »
Et moi, pensant que c’était un jeu entre amoureux, j’ai répondu : « le A… ? A comme Amour… »
Elle a continué, elle et sa voix : « et le B, Monsieur Marc, le B… ? » Et moi, prenant de l’assurance : « B ? B, heu… B comme bague !... »
Tout est si facile, je me laisse aller, mes yeux se ferment, lente glissade vers un rivage d’infinie béatitude.
« Et le C ? Et le D ? Le E, le F… » jusqu’au Z. Je crois qu’on a passé tout l’alphabet, chaque voyelle semblable à un soupir, chaque consonne comme un battement de cœur… Et puis, plus rien, un immense oubli sans fond. Ca doit être ça le bonheur…
J’ai appris, quelques temps après, que j’avais eu un grave accident de moto, qu’une femme avait réussi à me tenir éveillé en me parlant jusqu’à l’arrivée des secours, qu’elle m’avait en quelque sorte sauvé la vie, mais personne autour de moi ne savait qui elle était.
Aujourd’hui, ma vie est attachée à cette femme, à sa voix, à sa main, et à ce jeu, liant désormais mon impossible amour à cette rencontre… En Toutes Lettres.
Marc Elgui