Nos réveillons chez Bob
Années de transition de Dylan de 1961 à 1966 à la Cité de la Musique
Dans « Like a Rolling Stone », considérée comme révolutionnaire, Dylan écrit : « When you got nothing, you got nothing to lose » : « Quand on n’a rien, on n’a rien à perdre ». En six minutes, il raconte une histoire et réinvente la culture. Bob Dylan prophétisait malgré lui : il ne théorisait, il agissait. Il offrait un nouveau souffle au rock puisant dans le folk et dans ses influences passées (Woody Guthrie, Little Richard, Elvis Presley). Il précisait aux journalistes qu’il ne cherchait pas à délivrer des messages, juste à chanter et faire ce qu’il aimait. « Moi, je fais de la musique. J’écris des chansons. Je garde un certain équilibre, et je pense qu’il y a un certain ordre à respecter », « Non, je n’ai pas le sentiment d’avoir une responsabilité quelconque. Quiconque écoute mes chansons ne me doit rien ».
De Robert Zimmerman, né dans le Midwest en 1941, devenu Bob Dylan (nom de scène nullement choisi en référence au poète Dylan Thomas en dépit de la fable) à New York City, le photographe Daniel Kramer a su mettre en valeur la personnalité éclatante de l’artiste, et rendre tangible sa métamorphose. L’exposition dévoile ce Dylan hors du commun (chanteur-conteur, qui maniait la guitare et l’harmonica comme personne), à travers 60 clichés en noir et blanc. On est fasciné par cette silhouette malingre et puissante à la fois, cet homme paradoxal, qui n’a jamais cessé de se remettre en question et continue de transcender. Les documents d’archives, y compris les guitares acoustiques, bornent son univers. Aux côtés de son épouse Sara et de ses enfants, de Joan Baez, de Johnny Cash, à Woodstock, jusqu’à Paris avec Hugues Auffray, Françoise Hardy ou Johnny Hallyday. Mise en scène par le directeur du Grammy Museum de Los Angeles, cette exposition retrace les origines du héraut Dylan, qui refusait d’être un porte-parole même « s’il a quelque chose à dire ». Un type pressé, visionnaire, acharné, concentré, qui a passé sa jeunesse à lire, en particulier la poésie, qui n’a rien sacrifié pour réaliser ses rêves. « Rassemblez vos énergies, c’est le secret de la vie », lançait-il. Ne pourrait-on s’inspirer davantage de Bob Dylan aujourd’hui ?
Exposition « Bob Dylan, l’explosion rock 61-66 » jusqu’au 15 juillet 2012, à la cité de la musique. www.citedelamusique.fr
Chroniques de Bob Dylan, volume 1 traduit de l’américain par Jean-Luc Piningre, folio
Dylan par Dylan, interviews 1962-2004, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Denis Griesmar, éditions Bartillat, 550p, 30€