Quand deux autistes se rencontrent...
Par le biais d’une annonce qui l’a envoûté, Louis, un étudiant renfermé, singulier a-t-il toujours entendu dire de lui, se retrouve jeune homme au pair pour une famille étrange à Horville (Calvados), où il passait lui-même son enfance. Il va vivre le temps d’un été, le temps pour la mère d’écrire son dernier roman érotique, une expérience éprouvante quoique salvatrice. Bien plus que prendre soin, avec une attention fébrile, d’un petit garçon singulier et carrément barré, Louis va développer une empathie qui frôle la télépathie. Le père de famille est absent et le trio improbable enfermé dans cette maison d’Horville. Un huis clos étouffant, dans lequel Philippe Grimbert capte une atmosphère un peu irréelle et spectrale, toute en brume et en humidité. Le malaise s’installe, il heurte. Pourtant nous sommes captifs, tout comme Louis qui ne peut résister à ce gosse autiste et néanmoins attachant, ou aux délires de sa mère. Provoque-t-elle Louis pour trouver l’inspiration et la tension érotique nécessaire à son ouvrage ; est-elle fascinée par le lien inattendu qui se noue entre son fils et Louis, sans elle ? Louis la renvoie-t-il à ce rôle de mère, et à un amour absolu pour un fils qu’elle avait peut-être renié ? Mais tout a une fin et cet été-là s’achève. Pour Louis, c’est un arrachement. Ce garçon singulier pour lequel il a tout donné, l’a désinhibé en retour. Louis s’est ouvert comme un hortensia outremer. Devenu un adulte ordinaire en même temps qu’un père, peut-il se résoudre à couper le cordon ?
Philippe Grimbert, Un garçon singulier (Grasset, 15€)