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Expo : "Studio Beinex" à Boulogne Billancourt

Vous pénétrez non seulement sur un plateau de cinéma, mais au cœur de la cage aux lions. Pour commencer. Le personnage de Roselyne, incarné par la sublime et trop rare Isabelle Pasco, vous accapare et vous frissonnez. Vous sentez la poussière et le sable, encagés, avec pour seuls compagnons le tabouret de scène et le fouet. Saurez-vous dompter les félins, rois de la jungle, ici à Boulogne Billancourt ?

La ville (ses célèbres studios), chère au cinéaste, propose une exposition consacrée à l’Artiste Beinex. Protéiforme. Cinéaste, peintre, sculpteur, musicien, dessinateur, auto-biographe (écrivain et essayiste, car « Les chantiers de la gloire », ses mémoires, qu’il a publiées chez Fayard, constituent l’histoire de son parcours mais aussi celle du Cinéma et de son évolution professionnelle, avec quelques écueils à éviter, conseils généreux). La mise en scène de l’exposition est dynamique : vous devenez acteur. Sans passer d’essais, d’auditions ni de castings. A peine prenez-vous le temps de vous installer dans la fosse de « Roselyne et les lions », que la musique entêtante de « 37,2° le matin » vous happe. Vous troquez votre costume de cirque pour la salopette de Betty et son funeste destin. Puis vous délaissez Zorg, Jean-Hugues Anglade, que vous retrouverez bientôt, dans le bureau du docteur Durand reconstitué pour « Mortel transfert », délaissant l’ingénuité de Béatrice Dalle pour le mystère d’Hélène de Fougerolles. Entre temps, vous aurez incarné « Diva », talentueuse Cynthia Hawkins, et plongé dans la salle de bains bleue Beinex et onirique ; Puis Loretta, sublime et éternelle Nastassja Kinski, ou alors préférerez-vous devenir Bella, piquante Victoria Abril dans « La lune dans le caniveau »? L’ambiance vous pèse, ça suinte, un brin érotique et misérable. Le décor est tangible : vous en oubliez la technique, les claps, l’équipe de tournage. Sur un quart de queue Yamaha, fresque extravagante, vous tenterez de jouer les « Vexations » de Satie dans le salon de musique, morceau confusant, selon Beinex, qui consiste à répéter 840 reprises d’un fragment musical. Economisez-vous : Yves Montand vous attend, pour son ultime film : « IP5 ». La forêt reconstituée : L’île aux pachydermes, vous déstabilisera. Vous aurez l’impression de chuter dans un abîme. Illusion d’optique, fondement du septième art. Vous traverserez le cabinet de curiosités et la galerie de peintures de Jean-Jacques Beinex, histrion foisonnant et paroxystique. Vous visionnerez quelques scènes de ses longs métrages, souvent tirés d’une œuvre littéraire contemporaine majeure. Cultes. Inoubliables. Peut-être parce que l’homme a toujours tourné pour alerter sur la société de consommation, machine désirante, et faire réfléchir sur le danger de l’empilement dans le monde. Son flair et son talent vous séduiront forcément, installés comme dans une salle de cinéma, enténébrés. Alors, vous vous rappellerez les mots qui introduisent l’exposition : Le chemin le plus court d’un point à un autre n’est pas la ligne droite, mais le rêve. Etonnantes coulisses.

Studio Beinex, jusqu’au 29 septembre au Musée des Années Trente, le M-A30 de Boulogne-Billancourt, Espace Landowski. www.museedesannees30-beinex.fr. www.boulognebillancourt.com ou au 01 55 18 46 42.

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