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Picasso.mania au Grand Palais
Picasso.mania au Grand Palais

« C’est du Picasso ! ». Tout est dit, en une exclamation. « It’s a Picasso ! ». Sa variation. Mais qu’est-ce qu’un Picasso au juste ? Le Grand Palais répond à cette question en se concentrant sur quelques œuvres témoignant de la postérité de l’artiste. Son aura. Le mythe Picasso. Picasso.mania.

En entrant un mur animé de personnalités, toutes pratiques artistiques confondues, se répondent et donnent leur définition de l’homme : « Un guerrier face à le peinture », « un homme de combat », de sa peinture : « le contraire de la notion du chef-d’œuvre : ce n’est jamais fini », louent « l’objectivité de son œuvre » ou son « côté mozartien ». En deux mots « so fabulous » et en une expression digne d’un hashtag qui créé un buzz immédiat « picassolove ». En d’autres termes tout sauf un Picasso.maniaque, mais un artiste épris de son travail, dont on ne cesse de parler « parce que pour moi c’est une manie », parce que « sa liberté, sa joie de vivre » sont prises pour modèles et procurent un « sentiment d’amourosité ». Picasso avant-gardiste rénove la pratique picturale, avec véhémence.

Dans une première salle, son œuvre est confronté à la création contemporaine : Lichtenstein, Alechensky, Judd, Tingelly, Warhol, avant d’accéder à sa période cubiste et baroque, où il entendait « peindre ce que l’on conçoit ». Il frôle l’abstraction, la représentation conceptuelle à travers des procédés graphiques insolites. Puis une salle David Hockney, plus réaliste, rappelle la logique de l’inventivité plastique « la positivité du cubisme, sa dimension cognitive et esthétique ». Ensuite, ça crève l’écran ! A travers la vision cinématographique de Jean-Luc Godard, d’Orson Welles, d'Abdellatif Kechiche, la musique sous toutes ses formes, mais David Bowie fait figure de proue, la danse, la pub, les ballets, Hitchcock, le Japon, Anna Karina, Jean Seberg, les animaux, la corrida. Après ce tourbillon frénétique, Picasso examine la prostitution puis l’art africain. Il pose la question de la femme-objet, de la domination. Son engagement social est plus prégnant. In s’inscrit dans l’Histoire avec Guernica. Il devient icône politique. Sa peinture une arme contre le fascisme, le totalitarisme, la guerre. Ensuite, les figures chimériques inspirent son courant « cubo-surréaliste », et la matière devient sujet, il assimile la chair à la pierre, et se préoccupe de l’absurdité en Avignon, ses représentations, déformations grotesques, préfigurent le Pop-art. Il s’attaque au star system, à la vie héroïque, jusqu’à devenir l’instigateur de la « bad painting ». Les artistes américains créent « a new spirit in painting », réhabilitant la figuration, l’expression subjective de la narration, ces nouveaux fauves qui se revendiquent trash. Ça clashe. C’est Jean-Michel Basquiat qui ferme la marche, successeur libre et insoumis.

Picasso n’est pas seul : il est au cœur de la création contemporaine, trace un sillon, influence et s’immerge. Cette exposition est d’abord un dialogue avec un homme qui ne pouvait vivre sans peindre, un échange, des parallèles, des digressions, des allers retours, des inventions, des suppositions, des explorations. Un artiste cannibale.

Picasso.mania, au Grand Palais, entrée square Jean Perrin. Jusqu’au 29 février.

Tag(s) : #Expositions, #EVENT
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