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Plagiat ou coïncidence ?

  

Les écrivains sont tous des paranos victimes de la Société du spectacle

  

2008. Je publie un roman où il est question de vol d’enfant. Le méchant se prénomme Martial.

Au sein du groupe où j’occupe la fonction de dircom, mon roman est bien accueilli. Mais Martial, un dirigeant du groupe s’insurge. Comment ai-je pu choisir son prénom ? Sacré coup bas : n’aurais-je pas écrit un roman à clés sur l’entreprise ?

Je n’ai pas choisi ce prénom au hasard mais en référence au poète romain Martial. Il considérait ses écrits comme ses enfants, que Fidentinus lui aurait volésLe voleur devient plagiaire. La notion de plagiat naît, l’accusation est lancée. Martial m’accuse et me prête une puissance que je n’ai pas. Pour preuve, je n’ai rien publié de nouveau. Mon nouveau roman est refusé.

J’aborde les méandres de la mémoire en ponctuant l’histoire d’extraits de chansons de David Bowie. L’histoire se déroule en Bretagne, au cœur du Finistère nord. L’intrigue est alimentée par les légendes d’Anatole le Braz et la poésie de Tristan Corbière.

Nelly Alard, pendant ce temps, publie « Le crieur de nuit », récit scandé par des passages choisis d’Anatole le Braz. Elle situe son histoire dans un bourg du Finistère nord. Mon manuscrit serait-il plagié ? Seulement voilà : comment prouver l’accès à mon œuvre originale, l’emprunt des ces portions qui dévoilent ma personnalité, ce crime ...

Plagiat ou coïncidences ?

Certains auteurs auraient-ils une sensibilité et des influences similaires. Tels des jumeaux séparés à la naissance qui se retrouveraient par le biais de leur originalité littéraire ?

J’aurais pu en rester là. Mais le polar de Camilla Grebe : « Ça aurait pu être le paradis » parvient jusqu’à moi. Le suspense et la tension augmentent sur fond de compte à rebours : Major Tom. Lift Off ! Je rumine.

A la dérive, je me réfugie au cinéma. « Les petits mouchoirs » de Guillaume Canet. Fond musical 70’s. Moonage Daydream. Ma stupéfaction se poursuit lorsque je découvre le coffret anthologie de David Bowie Stationtostation qui fait l’actualité.

Le monde entier se sert, me spolie, plagie mon manuscrit, mon concept. Je me dis que je ne suis que fragments, aliénée face à une effroyable conspiration.

Je me lance dans un  nouvel écrit : le vol du cœur d’une petite fille, qui le retrouve au Japon. Quête initiatique inspirée par l’album christique de Bob Dylan : « Slow train coming », car mon héroïne retrouve son cœur, sa foi au Japon. Or ce mois-là, Olivier Adam publie « Le cœur régulier ». L’histoire d’une femme meurtrie qui renaît au Japon, où elle retrouve un rythme cardiaque régulier. En exergue, il cite Léonard Cohen. Il dit qu’il a hésité avec Bob Dylan. Qui fomente cette conjuration ?

J’envisage de rédiger un « Rapport de police » : Marie Darrieussecq m’a devancée. Quelle issue me reste-t-il puisque les « idées sont aussi libres que l’air » (déclaration de la Cour suprême de Californie qui clôt l’affaire de vol d’idées Billy Wilder contre Victor Desny).

A l’instar de Voltaire, j’aimerais que ces voleurs de mots soient condamnés au fouet.

En réalité je me fourvoie. Ne suis-je pas en train de devenir une médiocre actrice de la Société du spectacle ? Guy Debord peut-il me sauver ?

« Je devrais faire un assez grand emploi des citations. Jamais, je crois, pour donner de l’autorité à une quelconque démonstration ; seulement pour faire sentir de quoi auront été tissés en profondeur cette aventure, et moi-même ».

 

 

 

 

Tag(s) : #Actualité
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