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La zone d'Intérêt, de Jonathan Glazer : Magistral
À Auschwitz.
D'un côté du mur, la vie en couleurs et à profusion, en exponentiel même, au milieu des azalées et du bourdonnement des abeilles. Il y a là la vie à l'esthétique remarquable du commandant du camp, bureaucrate zélé, sa famille (gutturale matriarche : Sandra Hüller à la démarche robuste), leurs domestiques.
De l'autre côté du mur, ni couleurs ni noir et blanc ni vie. Juste du son. Un son dissonant, baroque, cacophonique et ininterrompu qui s'infiltre dans tout l'espace.
Dans la salle de cinéma, le souffle coupé, comme dans une chambre sourde. C'est la première fois que dans une salle de cinéma, remplie, j'entends mes os craquer d'effroi et mon sang circuler à grand-peine. Personne ne s'est levé pendant le générique de fin et le projectionniste a tardé à rallumer.
Évidence intellectuelle que d'aller voir ce long-métrage.
Évidence de masse aussi.
Il y a ce film aujourd'hui ; il y a "Shoah" de Claude Lanzmann sur France tv en replay depuis hier ; des livres, des BDs, des podcasts, d'autres films, des témoignages, des reportages ; une multitude d'angles et d'approches artistiques et historiques. Malgré cela l'antisémitisme gronde, le nationalisme se fait ambiant et la vie, comme dans le film, continue comme si de rien n'était.